Investir dans les actifs de luxe (montres, vins et immobilier) par passion, pour le prestige et à des fins de diversification des portefeuilles

Investir dans les actifs de luxe (montres, vins et immobilier) par passion, pour le prestige et à des fins de diversification des portefeuilles

points clés.

  • Les particuliers fortunés sont de plus en plus nombreux à privilégier les actifs physiques tels que les montres, le vin et les œuvres d’art, non seulement par passion ou pour le prestige, mais aussi pour diversifier leur portefeuille et préserver leur valeur à long terme
  • Les montres peuvent offrir des avantages fiscaux et des gains à court terme, notamment sur le marché de l’occasion, mais nécessitent de bien choisir le moment et de bien connaître les marques
  • Le vin et le whisky sont des investissements à long terme, leur rareté, leur provenance et leur présence sur les plateformes digitales telles que Liv-ex déterminent leur valeur, malgré les récentes corrections du marché
  • Les actifs de luxe échappent souvent aux cadres financiers standards, le traitement fiscal variant selon la juridiction concernée. Les montres sont exonérées de l’impôt sur les plus-values au Royaume-Uni, mais restent assujetties aux droits de succession, rendant essentielle une planification experte
  • Les actifs de luxe sont progressivement intégrés aux stratégies patrimoniales globales. Grâce à une structuration appropriée, ils peuvent renforcer la résilience du portefeuille, étayer la planification successorale et répondre aux objectifs à long terme de la famille.

Quel rôle les actifs de luxe (objets de collection tels que les montres, le vin et les œuvres d’art) peuvent-ils jouer dans la gestion de portefeuilles ? Quelles sont les implications fiscales liées à leur détention et à leur transmission ? Et quelle est l’incidence des frontières sur la détention d’actifs de luxe parmi une génération de particuliers fortunés de plus en plus internationale ?

Ces questions étaient au cœur des discussions de la soirée récemment organisée dans le cadre prestigieux de Farleigh House, demeure historique située non loin de Bath au Royaume-Uni, une ville vieille de 3’000 ans offrant un cadre idéal pour analyser la valeur intemporelle des actifs de luxe. Coorganisée par Lombard Odier, cette soirée a rassemblé les participants qui y avaient été conviés autour d’un panel d’experts issus de divers segments du luxe, afin d’examiner la valeur des actifs de luxe en tant qu’investissement et d’analyser l’évolution du marché des objets de collection.

Stuart Wright, banquier privé chez Lombard Odier, a donné le coup d’envoi en soulignant une tendance clé parmi les particuliers fortunés : « Alors que de nombreux particuliers fortunés conservent des portefeuilles traditionnels (actions, obligations et classes d’actifs alternatives), la diversification des portefeuilles par le biais d’actifs de luxe physiques suscite un intérêt croissant. Les investissements traditionnels étant aujourd’hui source d’incertitude, les actifs de luxe sont de plus en plus perçus non seulement comme des objets de collection, mais aussi comme des vecteurs de plaisir, de préservation du patrimoine et de potentiel d’investissement à long terme. »

Rapport Wealth Report 2025 de Knight Frank : investissements de luxe, transmission de patrimoine et tendances immobilières

Alex Koch de Gooreynd, associé dans la division d’immobilier résidentiel international du groupe de conseil immobilier Knight Frank, a lancé le débat en présentant les principales réflexions tirées de la dernière édition du prestigieux rapport Wealth Report de Knight Frank, étude annuelle examinant les tendances observées parmi les particuliers très fortunés.

Il a expliqué que le conseil transfrontalier revêt une importance croissante pour les conseillers patrimoniaux et les fiscalistes, les clients étant de plus en plus nombreux à poser la question suivante : « Dans quels segments puis-je étoffer mon patrimoine au cours des 10 à 20 prochaines années, de façon stable et claire ? »

Les données confirment cette priorité donnée à la mobilité et à la dimension internationale, a-t-il ajouté, avec une accélération de la migration des millionnaires. Selon des recherches menées par Henley & Partners, 134’000 particuliers fortunés ont officiellement déménagé en 2024 (contre 120’000 en 2023) et un record de 142’000 est attendu en 20251. Au Royaume-Uni, la suppression du régime fiscal de la non-domiciliation a incité certains clients à planifier leur déménagement, ce dont la Suisse, Monaco, Dubaï et l’Italie devraient profiter. Cependant, a-t-il précisé, si la fiscalité reste un facteur clé dans les décisions de déménagement, la stabilité politique et juridique, ainsi que la qualité de vie, gagnent également de l’importance.

134’000 particuliers fortunés ont officiellement déménagé en 2024 (contre 120’000 en 2023) et un record de 142’000 est attendu en 2025

Koch de Gooreynd a expliqué que, pour de nombreux particuliers fortunés, l’immobilier (y compris le résidentiel de luxe) représente un investissement prioritaire, l’appréciation du capital étant un moteur essentiel : les prix des logements les mieux situés ont augmenté de 3,6% à l’échelle mondiale en 2024, notamment en Europe du Sud. Si l’immobilier reste globalement l’investissement le plus résilient, il a conclu en disant que les actifs de luxe triés sur le volet peuvent surperformer, notamment le whisky dont le prix a augmenté de 191% au cours de la dernière décennie, ainsi que certains vins régionaux (comme ceux du comté de l’Essex) qui ont progressé de 20% en raison du changement climatique, qui a réduit l’offre disponible2.

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Vins fins et whisky : mettre à profit les bouteilles de collection rares

Joe Emmett, responsable des clients privés chez Berry Bros. & Rudd, entreprise familiale active dans le négoce de vin depuis plus de 300 ans, a abordé le thème des vins fins et des spiritueux. Il a expliqué que les acheteurs cherchant un vin propice à l’investissement devaient se concentrer sur des indicateurs tels que le capital de marque, un solide historique de hausse des prix et un potentiel de revalorisation, par exemple avec l’arrivée d’un vigneron renommé ou encore la prise de participation de célèbres investisseurs de confiance. Il a toutefois rappelé que « le vin est un investissement à très long terme. Il faut attendre cinq à dix ans pour observer la moindre appréciation. »

Du point de vue des investisseurs, a-t-il poursuivi, le marché du vin est transformé par des outils digitaux tels que la plateforme Liv-ex, créée en 2000 et devenue une sorte de place boursière du vin, qui suit ses tendances et l’évolution de sa valeur. Parmi les vins les plus remarquables récemment négociés sur cette plateforme figurent le rouge « Unico » de Vega Sicilia, vin espagnol ayant généré les plus gros volumes de négoce en 2024, ainsi que le Dom Pérignon 2008, dont la valeur a augmenté de près de 40% depuis sa commercialisation. Si le marché mondial subit actuellement une correction de 9% en glissement annuel par rapport aux pics atteints durant la pandémie, il a fait preuve de résilience lors des précédents ralentissements, a observé M. Emmett. Par exemple, lors de la crise financière de 2008, l’indice Liv-ex Fine Wine 100 n’a chuté que d’environ 10%, résistant ainsi à la volatilité généralisée des marchés actions internationaux.

Le vin est un investissement à très long terme. Il faut attendre cinq à dix ans pour observer la moindre appréciation

S’agissant du whisky, M. Emmett a présenté des moteurs de valeur similaires, à savoir la rareté, le capital de marque et la demande des collectionneurs au niveau mondial. Le marché du whisky est lui aussi en baisse de 9% en glissement annuel, mais cela semble illustrer une correction plus large par rapport aux prix élevés observés pendant la pandémie. Néanmoins, l’intérêt des acheteurs semble se stabiliser. M. Emmett a conclu en recommandant aux investisseurs et aux collectionneurs d’adopter une perspective à long terme, en équilibrant leur passion avec un examen attentif des moteurs de valeur fondamentaux.

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Montres : rester à l’heure du marché

James Mercer, fondateur du négociant de montres de luxe Watches of Bath, a précisé que ce secteur est plus volatil. Contrairement à la théorie d’investissement traditionnelle selon laquelle « passer du temps sur les marchés est plus important qu’anticiper leurs mouvements », il a expliqué : « les montres peuvent constituer un excellent investissement, mais il est crucial d’acquérir le bon modèle au bon moment ».

L’année 2022, notamment, s’est caractérisée par des fluctuations de prix spectaculaires, les mesures de relance introduites par le gouvernement après la pandémie ayant décuplé la liquidité et instauré une demande supérieure à l’offre. Par exemple, le prix de marché de la Nautilus 5711 de Patek Philippe a grimpé en flèche, passant de GBP 320’000 à plus de GBP 600’000, avant de retomber à environ GBP 190’000. Le marché s’est néanmoins depuis stabilisé, les modèles propices à l’investissement bénéficiant d’une forte popularité grâce aux ambassadeurs de marques et à l’influence des réseaux sociaux.

L’année 2022 s’est caractérisée par des fluctuations de prix spectaculaires, les mesures de relance introduites par le gouvernement après la pandémie ayant décuplé la liquidité et instauré une demande supérieure à l’offre

Selon M. Mercer, les investisseurs doivent également savoir que le marché tend à se diviser entre montres d’occasion et montres neuves. Les acheteurs initiaux engrangent souvent les gains les plus élevés lors de la première revente, les majorations s’appliquant particulièrement aux modèles en acier et en or (les prix de vente conseillés par Rolex augmentent d’environ 4% par an pour les montres en acier et de 8% à 9% pour celles en or). Et surtout, a-t-il conclu, si tous les modèles ne prennent pas nécessairement de la valeur, les montres neuves vendues sur le marché de l’occasion peuvent générer des bénéfices immédiats, qui ne sont pas assujettis à l’impôt sur les plus-values.

Cas pratiques : quatre montres, quatre enseignements en termes de valeur

Rolex Oyster Perpetual cadran Stella

Compte tenu d’un délai de fabrication de seulement 18 mois, la « Stella Dial », avec son cadran rouge et jaune original, a vu sa valeur s’envoler à la suite de rumeurs d’arrêt de production qui se sont répandues sur les réseaux sociaux. Les prix ont diminué après la pandémie, mais suivent néanmoins la hausse régulière du prix de vente conseillé par Rolex, ce qui prouve combien la rareté et l’engouement peuvent déterminer la valeur.

Rolex Submariner Hulk

Icône au cadran vert, la Hulk a vu sa valeur fortement augmenter en 2022, mais s’est depuis stabilisée. Cette montre fait toujours partie des pièces favorites des collectionneurs, en raison de son design et de sa capacité à sa versatilité au quotidien, sa valeur robuste reflétant son attrait émotionnel et son emprise commerciale à long terme.

Patek Philippe Nautilus 5711

Considérée comme une montre de rêve par de nombreux amateurs, la Nautilus combine design, rareté et prestige. Sa production a pris fin au début 2021, ce qui a fait flamber sa valeur. Contrairement à Rolex, dont la production annuelle excède le million d’exemplaires, Patek Philippe ne fabrique que 55’000 montres par an et cette exclusivité fait de la Nautilus un véritable trésor pour les collectionneurs. Ses récentes baisses de prix ont créé des points d’entrée plus abordables.

Rolex Day-Date Or Everose, cadran vert olive

Comprenant un cadran vert olive et un boîtier en or Everose, cette Day-Date a vu son prix au détail augmenter de GBP 4’000 au début 2025. Cependant, les prix sur le marché secondaire sont souvent inférieurs aux prix au détail, les modèles en or se vendant généralement en deçà du prix de l’article neuf, ce qui souligne combien il est important de comprendre la dynamique de revente et la liquidité pour investir dans des montres de luxe.

Considérations relatives à la succession et à la fiscalité

Isobel Holgate, conseillère patrimoniale chez Lombard Odier, est revenue sur cette priorité donnée aux potentiels avantages fiscaux offerts par les objets de collection. « Les actifs de luxe gagnent en popularité, notamment grâce à certains avantages fiscaux », a-t-elle expliqué. « Ils sont souvent présentés comme exonérés d’impôt, et il est vrai qu’ils offrent divers allègements sur l’impôt sur les plus-values. Mais sont-ils toujours aussi intéressants qu’ils le paraissent ? »

Soulignant la complexité du secteur du luxe, elle a rappelé que ces actifs échappent souvent aux cadres bancaires standard, ce qui les rend vulnérables aux disparités réglementaires entre les juridictions.

Les montres, par exemple, sont considérées comme des biens dépréciables, c’est-à-dire que leur durée de vie prévisible est estimée à 50 ans ou moins. Pour cette raison, elles sont exonérées de l’impôt sur les plus-values au Royaume-Uni. Toutefois, elles restent assujetties aux droits de succession, un aspect qui peut facilement être négligé ou mal déclaré.

De même, les vins fins peuvent être exonérés de l’impôt sur les plus-values, sauf si leur durée de vie dépasse 50 ans (ce qui peut être le cas pour le porto et les millésimes rares). L’imposition du whisky peut quant à elle dépendre de sa conservation (en fût ou en bouteille), car sa durée de vie attendue peut considérablement varier en conséquence. Sachant que des éléments tels que la provenance, le dépôt en douane et les justificatifs jouent tous un rôle dans l’évaluation de la situation fiscale, il est impératif de bien comprendre les subtilités des règles en vigueur.

L’intégration d’actifs de luxe dans une stratégie patrimoniale plus large vise non seulement à préserver la valeur, mais aussi à protéger l’héritage à travers les générations et au-delà des frontières

Mme Holgate a ensuite évoqué l’immobilier de luxe, dont les défis spécifiques sont bien connus, concernant notamment l’impôt sur les plus-values, les droits de succession et les droits de timbre fonciers. La détention d’un bien immobilier par l’intermédiaire d’une société ou d’un trust peut offrir des avantages en matière de planification, mais doit s’accompagner de conseils spécifiques à chaque juridiction pour éviter les pièges potentiels. Elle a insisté, pour tous les types d’actifs de luxe, sur la nécessité d’anticiper les litiges relatifs à l’évaluation, la volatilité des marchés et le contrôle des autorités fiscales, tout en communiquant avec des conseillers juridiques et fiscaux, particulièrement lors de la transmission des actifs au sein d’une famille. « L’intégration d’actifs de luxe dans une stratégie patrimoniale plus large vise non seulement à préserver la valeur, mais aussi à protéger l’héritage à travers les générations et au-delà des frontières », a-t-elle conclu.

Lire aussi : Comment élaborer une stratégie patrimoniale holistique – entretien avec Nannette Hechler-Fayd’herbe et Sabine Heller

Intégrer les actifs de luxe dans la planification patrimoniale

Alors que les actifs de luxe occupent une place croissante dans le patrimoine privé, les investisseurs éclairés s’intéressent à leur rôle dans une stratégie patrimoniale à long terme, au-delà du prestige ou du plaisir lié à leur détention. Surtout, grâce à leur faible corrélation avec les classes d’actifs traditionnelles, ils sont perçus comme de précieux instruments de diversification.

Intégrés avec soin, les actifs de luxe peuvent optimiser la résilience des portefeuilles en instaurant une exposition à l’économie réelle, en atténuant la corrélation avec les marchés publics et en saisissant les tendances structurelles à long terme, qu’il s’agisse de l’attrait durable des marques mondiales ou encore de la demande accrue en réserves de valeur physiques. Comme pour notre stratégie World Brands, qui cible les entreprises disposant d’un fort pouvoir de fixation des prix, d’un solide capital de marque et d’une bonne efficacité du capital, les principes fondamentaux de la qualité, de la rareté et de la pertinence à long terme s’appliquent à tout investissement dans des actifs physiques.

Cependant, les investisseurs doivent faire preuve de prudence, car ces actifs requièrent des connaissances spécialisées, une due diligence rigoureuse et une planification sur mesure englobant tous les aspects de l’investissement, des considérations juridiques et de la fiscalité. Chez Lombard Odier, nous savons que les actifs de luxe possèdent souvent une valeur émotionnelle aussi bien que financière. Forts de plus de deux siècles d’expérience, et grâce à notre plateforme dédiée aux actifs non cotés, nous aidons nos clients à gérer les complexités du secteur en instaurant une discipline institutionnelle et une vision à long terme. Qu’il s’agisse de structurer la propriété, de garantir la conformité à la réglementation ou de planifier une succession, nous nous engageons à aider les familles à transformer leurs collections personnelles en héritages durables, intégrés de façon harmonieuse au portefeuille général et à l’objectif global.

Les performances passées ne préjugent pas des résultats futurs. Les performances des actifs mentionnés dans cet article peuvent représenter des cas isolés et ne doivent pas être interprétées comme reflétant la tendance globale du marché. Lombard Odier ne fournit pas de conseils fiscaux.

afficher les sources.
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1 Private Wealth Migration: Past, Present, and Future | Henley & Partners

2 Statistiques compilées par Knight Frank Research sur la base des données fournies par Art Market Research, Fancy Color Research Foundation, HAGI, Rare Whisky 101 et Liv-ex | The Wealth Report 2025 | Knight Frank

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