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Compétitivité, attractivité et investissements : Frédéric Rochat analyse les défis économiques de la France dans Le Figaro
Frédéric Rochat, Associé-gérant de Lombard Odier
Article initialement publié dans le Figaro le 11 novembre 2025.
Dissolution de l’Assemblée nationale, chutes en série des gouvernements, suspension de la réforme des retraites, multiplication des projets de nouvelles taxes lors de l’examen du budget 2026… L’image que renvoie la France auprès des investisseurs étrangers depuis l’été 2024 a tout pour être inquiétante. Dans ce contexte, l’analyse de l’un des principaux dirigeants de Lombard Odier, gestionnaire de fortune et d’actifs mondial installé à Genève depuis 1796, est édifiante. Selon Frédéric Rochat, Associé-gérant codirigeant les activités du groupe en charge de la clientèle privée, la France risque de gâcher ses réels atouts. Dans ce grand entretien au Figaro, Frédéric Rochat revient notamment sur le choix de la compétitivité pour la France, comme le seul possible pour assurer la prospérité à long terme.
Le Figaro : Investir en France est-il toujours aussi attractif depuis la dissolution de l’Assemblée nationale ?
Frédéric Rochat : La France ne s’en rend pas toujours compte, mais elle dispose d’une force économique majeure et d’atouts considérables : un niveau d’éducation très élevé, des capacités reconnues dans la recherche, ainsi qu’une indépendance énergétique, car elle a fait tôt le choix du nucléaire.
Le pays est doté à la fois de grandes entreprises leaders mondiales et d’un tissu remarquable d’ETI et de PME familiales compétitives. L’économie fonctionne si bien que la France dispose d’un excédent d’épargne de 6 % du PIB
Le pays est doté à la fois de grandes entreprises leaders mondiales et d’un tissu remarquable d’ETI et de PME familiales compétitives. L’économie fonctionne si bien que la France dispose d’un excédent d’épargne de 6 % du PIB. Grâce à lui, les taux d’intérêt de l’emprunt d’État français restent raisonnables, malgré l’ampleur de la dette. Cette épargne, il ne faut pas la taxer au-delà du raisonnable, car elle est nécessaire au financement des déficits des comptes publics. Votre question sur l’attractivité de la France est, en fait, celle de la compétitivité, qui permet à la fois d’attirer les investissements et les talents.
En quoi la France manquerait-elle de compétitivité ?
Les politiques réfléchissent trop souvent en circuit fermé. Or, la France est ancrée dans l’économie mondiale, et les capitaux et les talents français sont mobiles. Nous vivons dans un monde interconnecté, avec des échanges très fluides de capitaux et de talents. La France doit continuer à défendre son attractivité : une stabilité politique et économique, et une taxation raisonnable à l’échelle internationale. Raisonnable pas seulement en comparaison avec les voisins européens, mais aussi vis-à-vis des États-Unis et des pays d’Asie. Dans les démocraties, personne ne conteste le principe de payer l’impôt, mais il y a des niveaux à ne pas dépasser. La France se situe à un moment charnière : elle doit définir son modèle économique pour les années à venir.
Deux voies sont possibles pour les démocraties occidentales. La première est la tentation de faire ce que les Anglo-Saxons appellent le « tax and spend » : taxer toujours plus pour dépenser toujours plus. Cela a fonctionné pendant les Trente Glorieuses, avec une démographie dynamique ; c’est plus difficile aujourd’hui avec une démographie vieillissante. À court terme, il est tentant de souhaiter résoudre tous les problèmes par des dépenses supplémentaires. À long terme, c’est un danger : les impôts supplémentaires affaiblissent l’économie, dissuadent les investisseurs et font fuir les talents.
Cette tentation du « tax and spend » n’est pas propre à la France… L’autre voie possible, c’est celle de la compétitivité : dépenser moins et taxer moins pour préserver la compétitivité et la santé du tissu économique et ainsi assurer une prospérité à long terme
Cette tentation du « tax and spend » n’est pas propre à la France. C’est le choix qu’a récemment fait le Royaume-Uni. Résultat : depuis le début de l’année, 15 000 millionnaires ont quitté le pays pour l’Italie, Dubaï ou l’Asie. Le « tax and spend » aboutit souvent à une perte de compétitivité, d’attractivité et de talents. L’autre voie possible, c’est celle de la compétitivité : dépenser moins et taxer moins pour préserver la compétitivité et la santé du tissu économique et ainsi assurer une prospérité à long terme. Cette deuxième voie permet également d’encourager les entreprises à investir plus dans les infrastructures du futur, par des mécanismes incitatifs appropriés. Il est urgent, en Europe, d’investir davantage.
Les projets de taxation du patrimoine des Français les plus fortunés incitent-ils vos clients à préparer leur départ ?
Dans les périodes les plus difficiles, il a toujours existé une tentation de se retourner contre ses minorités : les minorités religieuses, l’aristocratie dirigeante durant la Révolution française, ou, aujourd’hui, les grandes fortunes. Mais il faut garder en tête que derrière chaque petite, moyenne ou grande fortune, on trouve la plupart du temps un ou une entrepreneur ou entrepreneuse, une entreprise, et des emplois. Dans ce contexte d’instabilité politique et d’incertitude, beaucoup d’entrepreneurs se posent des questions.
Nous ne voyons pas pour l’instant d’exode important comme celui observé au Royaume-Uni
Ce sont pour la plupart des patriotes convaincus, profondément attachés à leur pays. Tout ce qu’ils souhaitent, c’est de pouvoir rester en France et continuer d’y développer leurs activités. Mais ils ne peuvent rester sans réagir à la menace fiscale. La première étape, c’est qu’ils compensent la forte exposition de leur patrimoine investi en France, leur pays de résidence, en diversifiant leurs investissements à l’international. Selon l’évolution du climat fiscal, la prochaine étape peut impliquer un départ à l’étranger. Néanmoins, il est important de le préciser : nous ne voyons pas pour l’instant d’exode important comme celui observé au Royaume-Uni.
Les Suisses se prononceront, à la fin du mois, sur un projet de taxe à 50 % des successions supérieures à 50 millions de francs suisses. Cette idée pourrait-elle faire florès ?
En France, la Suisse est vue comme un paradis fiscal. Or, en Suisse, nous payons des impôts, même si ceux-ci sont dans l’ensemble restés raisonnables. Nous pensons que l’initiative portant sur un impôt de succession pour les grandes fortunes à 50 % n’a aucune chance de passer.
Mais le simple fait que cette initiative ait vu le jour montre que beaucoup, même en Suisse, n’ont pas conscience que nous vivons dans un monde interconnecté, avec une compétition internationale redoutable pour attirer les talents et les entrepreneurs. Milan, Dubaï, Abu Dhabi et Singapour sont aujourd’hui des destinations privilégiées. Pas seulement pour leur faible niveau d’imposition, mais parce que leurs dirigeants ont choisi de mener une politique économique globale attractive.
Un fort impôt sur les successions des entreprises est-il aussi une menace en France ?
Les PME familiales représentent plus de 70 % du tissu économique français. Le pacte Dutreil a été un outil formidable pour permettre à beaucoup d’entreprises de se développer et d’être transmises dans de bonnes conditions. Sa remise en question ne serait pas sans risques. La valeur d’une entreprise n’est que théorique et tous les actionnaires n’auront pas les moyens de s’acquitter de l’impôt lors d’une transmission : est-ce que la France souhaite une liquidation forcée de toutes ses PME et entreprises familiales ? Ce serait désastreux pour son économie.
On va très probablement assister à une régionalisation des échanges entre nations partageant les mêmes valeurs, comme l’ont fait les 27 pays de l’Union européenne
L’activité économique française est-elle affectée par la situation politique intérieure, la géopolitique globale et la macroéconomie internationale ?
Oui, l’économie est déjà affectée. Il faut admirer la résilience des acteurs économiques français, dans un monde compliqué, volatil et incertain. Il y a des cycles courts et des cycles longs. À partir de 1980, nous avons vécu quarante ans d’ouverture du monde à l’économie de marché. Cela a créé beaucoup de valeur, et l’on n’a jamais sorti autant de gens de la pauvreté. Cette période de globalisation a aussi eu des conséquences moins positives.
Certains pays n’ont pas joué pleinement le jeu, dont la Chine. Si beaucoup de pays ont gagné en prospérité économique, d’autres ont souffert, notamment en Occident. Cela a entraîné une certaine désindustrialisation et la montée du populisme et du nationalisme. Certaines puissances, dont la Chine, souhaitent avoir un plus grand mot à dire dans la gouvernance mondiale. Nous sommes en train de passer d’un monde unipolaire à un monde multipolaire, ce qui ne se fait pas sans frictions.
Nous entrons donc dans un nouveau cycle long. En quoi sera-t-il différent du précédent ?
Nous ne croyons pas à la fin de la globalisation, ou à un retour vers un monde autarcique. En revanche, on le voit dans le domaine des terres rares, la globalisation peut devenir une source de vulnérabilité. Les règles du commerce sont en train d’être réécrites. Les États-Unis se sont sentis lésés et ont recréé des barrières douanières.
On va très probablement assister à une régionalisation des échanges entre nations partageant les mêmes valeurs, comme l’ont fait les 27 pays de l’Union européenne. Il y aura parfois des controverses, comme actuellement avec le Mercosur, mais les régions ont besoin de faciliter les échanges entre elles. C’est une redéfinition des règles, mais ce n’est pas la fin du commerce mondial. Même un protectionniste comme Donald Trump se rend compte qu’il est impossible de stopper tout commerce avec la Chine.
L’Europe, dont l’économie est restée à son niveau d’avant la pandémie, devrait s’inspirer du modèle des crédits d’impôt
Quels pays sont les plus attractifs pour les investisseurs ?
Les États-Unis continuent d’attirer les investissements des fonds de pension et des entreprises. Et pour cause : ils taxent peu, réglementent peu, disposent d’un droit du travail très libéral et d’un état d’esprit entrepreneurial. Leur mécanisme de crédit d’impôt pour financer des industries stratégiques et attirer les entreprises est un atout. L’Europe, dont l’économie est restée à son niveau d’avant la pandémie, devrait s’inspirer de ce modèle des crédits d’impôt. Dans un contexte de baisse des taux aux États-Unis, les pays émergents gagnent également en attractivité.
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