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« Nous n’entrons pas dans une ère de changements, mais dans un changement d’ère » - entretien avec Marc Palahi, notre Chief Nature Officer
Article initialement publié dans Forbes France le 22.05.2025
Alors que Nice s’apprête à accueillir la Conférence des Nations unies sur l’océan (UNOC 2025), un appel clair émerge : la nature, et en particulier l’océan, doit occuper une place officielle aux côtés des décideurs économiques et politiques. Dans cet entretien, Marc Palahi, Chief Nature Officer chez Lombard Odier, plaide pour la création de Chief Nature Officers (CNO) capables de repenser la finance mondiale autour des limites planétaires, de mobiliser des capitaux vers des solutions fondées sur la nature, et de transformer notre modèle économique défaillant. À l’intersection de la science, de l’éthique et de l’investissement, cette nouvelle fonction pourrait devenir, selon lui, aussi stratégique que celle de directeur financier dans les années à venir. Car désormais, l’économie de demain ne pourra prospérer qu’en se reconnectant profondément à la nature.
Alors que nous nous tournons vers la Conférence des Nations unies sur l’océan qui se tiendra à Nice, le moment est-il venu pour la nature, et en particulier l’océan, d’occuper un siège officiel à la table des dirigeants, par le biais du rôle de Chief Nature Officer (CNO) ?
Je pense que la crise climatique ne peut être résolue sans comprendre, valoriser et investir dans la nature pour ce qu’elle est fondamentalement : l’infrastructure clé qui régule notre système planétaire, comprenant notre climat, l’eau que nous buvons, la nourriture que nous mangeons et l’air que nous respirons. La nature est également le tissu qui soutient tous les processus du monde dans lequel nous vivons, y compris toutes nos activités économiques… même si notre système économique n’en est pas conscient, car il fonctionne actuellement en faisant dériver la valeur du prix, plutôt que l’inverse. Les CNO et les conférences internationales ne résoudront pas le problème si nous ne sommes pas prêts à nous attaquer aux causes profondes du problème, qui sont systémiques et exigent de répondre à la crise touchant la nature et le climat en transformant fondamentalement notre économie autour de la nature.
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La récente campagne « Rethink Sustainability » de Lombard Odier souligne la nécessité de repenser nos systèmes économiques. Comment un CNO peut-il aider à conduire cette transformation vers un modèle régénérateur et positif pour la nature, en particulier pour les écosystèmes océaniques et côtiers ?
À mon humble avis, un CNO devrait fournir une nouvelle vision, fondée sur la science, pour que les décideurs financiers puissent appréhender la réalité du monde que nous avons créé en termes de limites planétaires au sein desquelles il est nécessaire d’opérer. Il est essentiel que le secteur financier comprenne les lois de la nature qui régissent notre planète et qui, à leur tour, affecteront et limiteront nos activités économiques.
C’est très simple. La nature est le bien le plus réel et le plus précieux que nous possédons. Au cours des deux derniers siècles, notre système économique a fonctionné au détriment de la nature, du climat et de notre propre avenir. Nous avons maintenant atteint un point de bascule dans l’histoire de l’humanité, car nous sommes en train de franchir ce que l’on appelle les limites planétaires (changement climatique, perte de biodiversité, pollution, dégradation des sols et déforestation, etc.). En termes économiques, cela signifie que notre environnement ne peut plus absorber les chocs créés par notre économie, et que notre économie, n’ayant su valoriser la nature, doit payer le coût de la destruction de la nature. Reflétant déjà cet impact, les pertes assurées dues au changement climatique et à la dégradation de nos écosystèmes à l’échelle mondiale ont doublé au cours des dix dernières années par rapport à la décennie précédente.
De nombreuses chaînes d’approvisionnement sont au bord de l’effondrement en raison de l’effet combiné du changement climatique et de la dégradation de la nature. Nous avons vu que les prix de nombreuses denrées alimentaires (cacao, café, etc.) augmentent rapidement. Un ou une CNO doit mettre en contexte toutes ces conséquences et interdépendances, mais doit également proposer des solutions fondées sur la nature pour inverser la situation. Il doit également fournir un nouveau récit fondé sur la science expliquant pourquoi et comment passer à une économie centrée sur la nature afin de garantir la résilience et la santé économique de l’avenir de la société, y compris des clients et des retraités envers lesquels nous avons des obligations fiduciaires. Les CNO doivent être les catalyseurs du changement. En outre, il faut repenser les équipes et les organisations au sein du secteur financier pour pouvoir relever ce défi systémique sans précédent auquel nous sommes confrontés.
Pensez-vous que la prochaine décennie (de 2025 à 2035) pourrait être le point de bascule pour l’intégration de la nature et de la santé des océans dans le système financier général ? Le Chief Nature Officer peut-il jouer un rôle déterminant dans cette évolution ?
J’espère que la prochaine décennie sera celle du point de bascule pour repenser notre économie autour de la nature. Cependant, je pense que beaucoup de changements positifs se produiront en raison des effets négatifs sans précédent que nous allons observer au cours des cinq à dix prochaines années sur notre économie, découlant des effets combinés du changement climatique et de la dégradation de la nature. Pour les CNO, il est indispensable que la direction de l’organisation de l’entreprise pour laquelle ils travaillent s’engage pleinement dans les changements transformationnels.
Dans la perspective de l’UNOC, quels engagements spécifiques souhaiteriez-vous voir de la part du secteur privé et des institutions financières pour protéger la biodiversité et le capital naturel des océans ?
Il est très important que les secteurs privé et financier comprennent que la protection des océans n’est pas seulement essentielle pour le climat et la biodiversité, mais aussi pour assurer la viabilité de l’économie océanique. Les pratiques de pêche destructrices telles que le chalutage de fond ont non seulement un impact négatif sur les écosystèmes marins, mais elles compromettent également la viabilité économique, épuisent les stocks de poissons et sapent la capacité de l’océan à fournir une variété de services écosystémiques, y compris l’adaptation et la résilience à l’impact croissant des risques liés au climat.
Dans ce contexte, les secteurs privé et public doivent soutenir une transition vers des pratiques de pêche plus durables, renforcer le rôle des petits pêcheurs, tout en protégeant la biodiversité et en fournissant des services liés au climat. Des partenariats orientés vers la transformation, entre les différents niveaux des institutions financières et des acteurs concernes au sein des chaines d’approvisionnement des océans, sont également nécessaires pour garantir que les financements atteignent les personnes sur le terrain et les petites et moyennes entreprises qui sont a l’origine de 90 % des économies et de 70 % des emplois.
Alors que le déficit de financement de la biodiversité est estimé à plus de 600 milliards de dollars par an et que les océans restent gravement sous-financés, comment les Chief Nature Officers peuvent-ils contribuer à mobiliser des capitaux à grande échelle et à orienter les investissements vers des résultats positifs pour les océans ?
Les Chief Nature Officers jouent un rôle clé dans la conception de fonds d’investissement susceptibles de mobiliser des capitaux en faveur de solutions fondées sur la nature (restauration des mangroves et des récifs coralliens, création d’aires marines protégées, par exemple) et de pratiques telles que la pèche et le tourisme durables, qui peuvent être rentables tout en restaurant la biodiversité. Les CNO devraient avoir les connaissances scientifiques et la crédibilité nécessaires pour pouvoir codiriger (avec les Chief Investment Officers) la conception et la mise en œuvre de stratégies de fonds qui apportent des résultats concrets sur le terrain.
Lombard Odier positionne la nature à la fois comme une solution et une source de valeur. Comment pouvons-nous accroître l’importance économique des écosystèmes sans réduire la nature à une marchandise ? Quelles sont les limites éthiques que les CNO doivent franchir ?
Pour moi, la nature est la pierre angulaire qui permet a tous les autres actifs de fonctionner. C’est la meilleure stratégie et le meilleur partenaire dont nous disposons pour éviter l’ingérable et gérer l’inévitable. Le défi des CNO est de faire comprendre au secteur financier que la nature n’est pas seulement une classe d’actifs ou une ≪ matière première ≫, mais l’infrastructure de base qui permet à notre économie de fonctionner. Nous devons avoir une compréhension systémique et transversale des actifs et investir en conséquence. Dans le passe, l’investissement dans la nature a été considère comme un ≪ raccourci ≫ pour compenser notre système économique défaillant. Ce n’est pas la voie à suivre. Nous devons investir dans la nature pour transformer – plutôt que compenser – notre économie : vers une économie de la nature d’abord.
Le rôle du Chief Nature Officer se situe à l’intersection de la science, de la finance, de la politique et de l’éthique. Pensez-vous que ce rôle deviendra aussi important pour la stratégie de l’entreprise que celui du directeur financier ou du directeur du développement durable dans les années à venir ?
Je pense que la fonction du CNO deviendra essentielle si les entreprises ou organisations et les secteurs lui accordent une importance centrale. Il faut pour cela comprendre que nous devons repenser notre économie de manière à ce qu’elle prospère en harmonie et soit alimentée par la nature, plutôt qu’a ses dépens. La nomination d’un CNO doit être une décision très stratégique et transformatrice, sinon elle n’aura que peu d’impact dans l’organisation ou l’entreprise.
Enfin, quel message feriez-vous passer à la prochaine génération de dirigeants, en particulier aux femmes, aux communautés indigènes et aux jeunes des nations côtières et insulaires, pour qu’ils assument des rôles de dirigeants centrés sur la nature ? Comment pouvons-nous donner les moyens d’agir aux responsables en chef de la nature de demain ?
Nous n’entrons pas dans une ère de changements, mais dans un changement d’ère. Le changement à venir est aussi profond que celui que nous avons connu il y a 500 ans en Europe, déclenché par la Renaissance, qui a ensuite donne naissance aux révolutions scientifique et industrielle. Ces révolutions ont placé l’humain au centre, sans tenir compte du fait que nous faisons partie intégrante de la nature. Cette ère centrée sur l’être humain a culmine avec la création d’une économie extractive alimentée par les ressources fossiles, qui s’est développée au détriment de la nature. Une économie totalement déconnectée de la nature et inconsciente de l’écologie de la planète sur laquelle elle est implantée. L’écologie et l’économie sont les deux faces d’une même pièce (les deux mots proviennent du mot grec oikos qui signifie « maison » et « environnement »). L’écologie consiste a comprendre (logos) l’environnement. L’économie consiste à gérer (nomos) l’environnement. Nous ne pouvons pas gerer ce que nous ne comprenons pas… Les CNO sont essentiels pour apporter cette compréhension.
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