Les investissements respectueux de la nature commencent à s’imposer

La nature figure sans conteste parmi les actifs les plus sous-évalués et, dans le même temps, les plus surexploités. Nous avons toutefois des raisons de nous montrer optimistes. La Chine donne la priorité aux transitions économiques respectueuses de la nature pour lutter contre le changement climatique, tandis que la demande mondiale croissante en eau, notamment pour les applications industrielles, stimule les solutions technologiques et les opportunités d’investissement.

En 2024, le rapport « Planetary Health Check », établissant un bilan de santé de la planète, a révélé que six des neuf limites planétaires avaient été franchies, et qu’une septième était en passe de l’être. Quatre d’entre elles – perturbation des ressources en eau douce, changements dans les systèmes terrestres, modifications des cycles du phosphore et de l’azote et altération de l’intégrité de la biosphère – concernent des systèmes naturels vitaux. À l’échelle mondiale, les progrès sont lents en matière de restauration et de protection des écosystèmes naturels, ainsi que dans la prise de conscience de leur véritable valeur économique. Le secteur privé montre en partie la voie en transformant avec succès les défis liés à la nature en opportunités commerciales et d’investissement.

Notre thème repenser la nature privilégie les entreprises dont les modèles d’affaires visent à restaurer ou à préserver la nature, ainsi qu’à concrétiser la valeur des actifs naturels. Ce thème entend contribuer à la transition vers une économie mondiale respectueuse de la nature, à l’instar de l’ensemble des thèmes formant notre cadre « rethink investments », à savoir la longévité, la nouvelle génération, la technologie, le « net-zéro » et les infrastructures. Depuis son lancement en juin 2024, repenser la nature s’est révélé être l’un de nos investissements thématiques les plus performants comparativement à l’indice MSCI World, tel que mesuré par la performance des actions fortement exposées à ce thème et sélectionnées par nos équipes de recherche actions ¹.

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Nous constatons des avancées dans les investissements favorables à la nature, tant au niveau régional que sectoriel. La Chine est devenue un leader mondial en matière de développement durable. Selon le Forum économique mondial, quelque 65% du produit intérieur brut (PIB) chinois est menacé par la perte de nature. La Chine se concentre sur quinze transitions durables au niveau des entreprises qui, selon ses estimations, pourraient créer USD 1’900 milliards de valeur économique annuelle et 88 millions de nouveaux emplois d’ici 2030. Le dernier Nature Index, une base de données de suivi de la recherche, indique que la Chine, outre ses efforts industriels, est désormais en tête des études mondiales en chimie, en sciences physiques, en sciences de la Terre et en sciences de l’environnement, et qu’elle se classe deuxième derrière les États-Unis dans les sciences de la santé et en biologie.

La Chine se concentre sur quinze transitions durables au niveau des entreprises qui, selon ses estimations, pourraient créer USD 1’900 milliards de valeur économique annuelle et 88 millions de nouveaux emplois d’ici 2030

L’eau douce sur le devant de la scène

Alors que les efforts multilatéraux se sont jusqu’à présent concentrés sur la protection des écosystèmes et de la biodiversité terrestre, l’eau douce se mue en priorité mondiale. La disponibilité de l’eau, qu’elle soit destinée à la consommation ou utilisée dans les processus de fabrication et de refroidissement, est de plus en plus menacée par la pollution, le changement climatique et la croissance de la demande. Bien que 71% de la surface terrestre soit recouverte d’eau, à peine 2,5% de ce volume total consiste en de l’eau douce, et seulement 0,8% est accessible et potable.

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Alors que les zones urbaines et l’agriculture intensive étendent leur empreinte à travers le monde, l’eau douce se voit de plus en plus souvent polluée par des matières organiques, des métaux lourds, des produits chimiques et des contaminants microbiologiques. Cela crée un besoin – et une opportunité commerciale – pour des entreprises amenant des solutions pour détecter, mesurer et éliminer les micropolluants. Les entreprises des économies développées, en particulier, sont susceptibles de saisir des opportunités dans les technologies avancées de traitement de l’eau, telles que les systèmes d’oxydation ou de traitement par ultraviolets.

Les entreprises des économies développées, en particulier, sont susceptibles de saisir des opportunités dans les technologies avancées de traitement de l’eau, telles que les systèmes d’oxydation ou de traitement par ultraviolets

IA et demande industrielle en eau

Les nouvelles sources de demande constituent une autre cause importante du stress hydrique, une grande partie de cette augmentation de la consommation provenant de l’industrie manufacturière et du développement des technologies. Par exemple, selon les estimations de l’entreprise spécialisée dans la purification de l’eau Ecolab Inc., au cours des cinq prochaines années, le refroidissement des nouveaux centres de données nécessitera la même quantité d’eau que l’ensemble des besoins en eau potable des États-Unis.

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À l’échelle mondiale, la solution consiste à réutiliser l’eau de manière systématique. Nous devons repenser les processus industriels afin de réduire ou d’éliminer les eaux usées grâce à des systèmes en circuit fermé. Pour les investisseurs, cela créera des opportunités dans le domaine des solutions de gestion de l’eau, telles que les capteurs ou la chimie avancée, ainsi que dans celui de l’analyse prédictive. Ces solutions permettent d’optimiser la consommation d’eau par les systèmes de refroidissement en utilisant de l’eau non potable. D’autres solutions comprennent des innovations dans les technologies de refroidissement sans eau, permettant aux centres de données de fonctionner dans des zones soumises à un stress hydrique élevé.

Selon les estimations de l’entreprise spécialisée dans la purification de l’eau Ecolab Inc., au cours des cinq prochaines années, le refroidissement des nouveaux centres de données nécessitera la même quantité d’eau que l’ensemble des besoins en eau potable des États-Unis

Alors que la préservation et la gestion de l’eau douce occupent le devant de la scène, les investisseurs pourraient se voir offrir une multitude de nouvelles opportunités en matière d’investissement. Nous pensons qu’il en sera de même en ce qui concerne l’ensemble des écosystèmes naturels et dans le domaine de l’investissement durable. Aujourd’hui, l’économie réelle pousse les entreprises vers des modèles d’affaires respectueux de la nature, reconnaissant la nécessité de renforcer la résilience face aux effets croissants du changement climatique. Pour les investisseurs, il s’agit là d’une opportunité de réaliser des rendements plus diversifiés grâce à des portefeuilles résilients au changement climatique, tout en contribuant à la transition vers des économies respectueuses de la nature, tant au niveau national que mondial.