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    Maintenant... ou jamais ? Le défi des énergies renouvelables en Suisse

    Maintenant... ou jamais ? Le défi des énergies renouvelables en Suisse

    Cette semaine, la pire chute des cours pétroliers observée depuis la guerre du Golfe a été un rappel cinglant de l’importance des marchés de l’énergie pour l’économie mondiale dans son ensemble. 2020 devrait donc être la première année marquée par une baisse de la demande de pétrole en plus d’une décennie. Cette évolution est imputable aux effets combinés de la transition vers les énergies renouvelables, mais également aux répercussions du coronavirus. Le choc a impacté les marchés mondiaux et les marchés locaux, ici en Suisse.

    Il n’empêche que la consommation mondiale d’énergie continuera de croître au cours des prochaines décennies, même si les efforts de promotion de l’efficacité énergétique entraîneront un « découplage » de cette croissance par rapport à la croissance économique générale, et une croissance plus lente.  En Suisse, par exemple, la consommation d’électricité a augmenté, mais en 2018, l’approvisionnement total en énergie était quasiment au même niveau qu’en 1990, avec 24 millions de tonnes d’équivalent pétrole.1 Dans des économies développées telles que l’économie helvète, la croissance économique n’est plus tributaire d’une hausse de la consommation d’énergie. Cependant, sur fond d’électrification croissante et de moindre dépendance aux combustibles fossiles, le système énergétique suisse connaît une transition comparable à celle de beaucoup d’autres économies dans le monde.

    2020 devrait donc être la première année marquée par une baisse de la demande de pétrole en plus d’une décennie.

    Après l’effondrement des cours du pétrole auquel nous avons assisté cette semaine, il est opportun de se pencher sur la nécessité de remplacer progressivement le charbon, le pétrole et, au final, le gaz par des énergies renouvelables à l’avenir. Même si les effets du coronavirus finiront par s’estomper et la demande d’énergie se redressera, la demande de pétrole est appelée à baisser à mesure que l’utilisation de combustibles alternatifs plus propres s’imposera. Les événements qui se sont produits cette semaine pourraient donc remettre en question les expositions aux combustibles fossiles sur les marchés. Quoi qu’il en soit, ils montrent à quel point il est crucial de faire le point sur cette situation complexe afin de garantir que la croissance économique future s’accompagnera d’une transition climatique viable.

    Si le recours aux énergies renouvelables modernes ne cesse de croître, il n’en demeure pas moins qu’en 2018, la bioénergie, l’hydroélectricité et les énergies renouvelables ne représentaient que 14% de la demande d’énergie primaire dans le monde entier, alors que la part des combustibles fossiles était de 81%, la part restante étant dévolue au nucléaire.2

    Dans ce domaine, la Suisse a une longueur d’avance, du moins pour le moment. Ne disposant pas de ses propres réserves de charbon, de pétrole ou de gaz naturel, la Suisse a très vite intégré les énergies sans carbone dans son mix énergétique : en 2015, 94,3% de l’électricité suisse était sans carbone, provenant principalement de l’hydroélectricité (55%) et du nucléaire (39%). Malgré tout, l’inquiétude monte. Dans le pays, la fonte des neiges due au réchauffement climatique n’est pas une bonne nouvelle pour la production d’énergie hydraulique. D’autant plus que, dans l’ensemble, la majorité de l’énergie consommée en Suisse n’est toujours pas exempte de carbone, 33,5% de l’énergie provenant de carburants et 18,8% de combustibles de chauffage3.

    Dans ce domaine, il reste beaucoup de chemin à parcourir, en Suisse comme dans le reste du monde. Nous sommes encore loin d’atteindre les objectifs fixés dans l’Accord de Paris et le septième Objectif de développement durable des Nations Unies (« Garantir l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes, à un coût abordable »). En termes réels, la hausse de la température mondiale que nous devrions connaître pourrait avoir des effets catastrophiques sur notre société et sur l’environnement. D’où l’importance cruciale d’investir aujourd’hui dans des technologies qui permettront de réduire et, à terme, d’éliminer notre empreinte carbone. Comme nous avons pu le voir cette semaine, il est grand temps de définir un nouveau cap pour le secteur du pétrole et du gaz, et les entreprises du secteur sont confrontées à une transition difficile, mais nécessaire. Cette débâcle du marché pourrait avoir un côté positif : les investisseurs seront inévitablement amenés à procéder à un examen critique de leurs investissements dans le pétrole, le gaz et le charbon et envisager l’opportunité d’investir dans des technologies plus soutenables d’aujourd’hui (comme l’éolien et le solaire) et de demain (comme l’hydrogène).

    La Suisse a très vite intégré les énergies sans carbone dans son mix énergétique

    Investir dans le changement

    L’électricité sans carbone est peut-être le domaine qui polarise le plus l’attention. Aujourd’hui, la production d’électricité représente 19% de la consommation totale d’énergie finale dans le monde4. Mais comme l’électrification est appelée à gagner du terrain dans les systèmes de transport ainsi que les installations résidentielles et industrielles, la production accrue d’électricité se fera au détriment de la combustion directe de combustibles fossiles. Toutefois, les avantages du transfert de technologies à hautes émissions de carbone vers le réseau électrique varieront en fonction de la manière dont est alimenté ce réseau : une voiture électrique n’est pas écologique si l’électricité provient d’une centrale au charbon.

    Il est grand temps de définir un nouveau cap pour le secteur du pétrole et du gaz et les entreprises du secteur sont confrontées à une transition difficile mais nécessaire.

    En plus d’accroître la production d’électricité sans carbone, nous devons également investir pour la rendre plus contrôlable. « Les compagnies énergétiques sont friandes de contrôle », a déclaré Patrick Schmutz, directeur d’Energie Durable, une société suisse B Corp du secteur de l’énergie. « Elles ouvrent les vannes quand il y a de la demande et les referment quand il y en a moins. Mais avec l’énergie solaire ou l’éolien, l’énergie arrive quand elle veut et soit vous l’utilisez, soit elle est perdue. Donc, produire plus d’énergie propre tout en gardant le contrôle est l’un des plus grands défis. » Comme la demande d’énergie s’inscrit dans des cycles quotidiens marqués par d’importants pics et creux, notre système énergétique doit être capable d’accélérer ou de décélérer rapidement. Pour le moment, les combustibles fossiles comblent encore une grande partie du vide, mais ils devront être remplacés par des batteries, la gestion de la demande, la biomasse, l’hydrogène et d’autres alternatives plus propres.
     

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    Outre l’assainissement de nos sources centralisées d’énergie d’usage général, nous devons également investir dans des technologies qui décarbonisent les cas d’utilisation spécifiques. Quand on sait qu’environ 51% de la consommation totale d’énergie finale dans le monde est attribuable aux systèmes de chauffage et de refroidissement, l’innovation paraît essentielle dans ce domaine. Pour ce qui est du refroidissement, la start-up américaine SkyCool Systems développe de nouveaux matériaux de pointe capables de refroidir l’eau de manière passive. Ils pourraient être intégrés dans des systèmes de climatisation pour les rendre plus efficaces, voire pour qu’ils ne recourent plus du tout à l’électricité. L’utilisation accrue de techniques architecturales permettant de maintenir les bâtiments au frais de manière passive, comme les matériaux de toiture réfléchissants et l’isolation thermique, pourrait également permettre de réduire la quantité d’énergie nécessaire au refroidissement.

    Pour le moment, les combustibles fossiles comblent encore une grande partie du vide, mais ils devront être remplacés par des batteries, la gestion de la demande, la biomasse, l’hydrogène et d’autres alternatives plus propres.

    Le chauffage est un problème encore plus important que le refroidissement. « Sur la totalité de l’énergie consommée en Suisse, 40 à 45% sont destinés aux bâtiments», explique Patrick Schmutz. « En tant que vendeur dans le chauffage, je suis très frustré que nous parlions tout le temps d’électricité et très peu de chauffage. » Il existe de nombreuses technologies nouvelles et existantes grâce auxquelles nous pourrions commencer à faire des progrès dans ce domaine. Chez Lombard Odier, notre nouveau siège à Bellevue sera équipé de l’une d’entre elles. Ici, l’eau prélevée sur le lac Léman passera par une pompe à chaleur où elle sera utilisée pour produire de l’électricité afin de chauffer notre bâtiment avant d’être renvoyée dans le lac. Le projet GeniLac, qui alimente la pompe à chaleur, est en cours à Genève depuis plusieurs années. Et l’utilisation de pompes à chaleur se généralise : en 2018, plus de 1,2 million d’unités ont été vendues en Europe, soit une hausse de 12% par rapport à l’année précédente. Cette évolution est de bon augure pour l’avenir du secteur.

    Parallèlement aux investissements de haut niveau et à l’action politique, nous pouvons, aujourd’hui plus que jamais, faire en sorte de réduire notre empreinte carbone à l’échelle individuelle également. « Nous devons faire un effort au niveau de notre comportement », poursuit Patrick. « Par exemple, à Genève, vous pouvez choisir une électricité sans carbone pour votre maison si vous le souhaitez. Vous pouvez même choisir si votre électricité verte est hydroélectrique ou solaire. En effet, vous pouvez contribuer à financer le secteur grâce à la manière dont vous consommez. » Les consommateurs jouent donc un rôle essentiel dans la transition énergétique car ils peuvent exiger des formes d’énergie plus propres et réduire leur propre empreinte énergétique et leurs émissions. Ils parviendront peut-être plus facilement à réaliser la première mesure que la seconde, car l’expérience montre que de nombreux consommateurs ne sont pas encore prêts à changer profondément leur mode de vie, ce qui implique de réduire la consommation des biens et services auxquels nous nous sommes habitués. 

    Les consommateurs jouent donc un rôle essentiel dans la transition énergétique car ils peuvent exiger des formes d’énergie plus propres et réduire leur propre empreinte énergétique et leurs émissions.

    Quoi qu’il en soit, l’économie est appelée à connaître une transition de grande ampleur. Nous devons nous acheminer vers une économie circulaire, allégée, inclusive et propre (Circular, Lean, Inclusive and Clean, CLIC). L’énergie est peut-être le défi le plus important de la révolution de la soutenabilité. Et le temps dont nous disposons pour le relever est compté.

    1 AIE (2019). Switzerland. Disponible en anglais sur https://www.iea.org/countries/Switzerland
    2 AIE (2019), World Energy Outlook 2019, AIE, Paris. Disponible en anglais à l’adresse  https://www.iea.org/reports/world-energy-outlook-2019
    3 Notter (2015) ‘Small country, big challenge: Switzerland’s upcoming transition to sustainable energy’  Bulletin of the Atomic Scientists, vol. 71 (4), pp. 51–63.
    4 AIE (2019), World Energy Outlook 2019, AIE, Paris. Disponible en anglais à l’adresse  https://www.iea.org/reports/world-energy-outlook-2019

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