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    FT Rethink

    Comment le réensauvagement des océans aboutit à une économie bleue prospère

    Comment le réensauvagement des océans aboutit à une économie bleue prospère

    Au large de l’île d’Arran, le long de la côte occidentale d’Ecosse, un projet visant à « réensauvager » une étendue marine gravement abîmée par la pêche de coquilles Saint-Jacques à la drague est en train de porter ses fruits.

    Grâce à la délimitation de zones de préservation, dans lesquelles aucune espèce ne peut être prélevée, quelle que soit la méthode, les lits de maërl – une algue rouge – se reconstituent, contribuant à la restauration globale de l’écosystème marin local.

    L’expérience écossaise de rewilding ou « réensauvagement » de l’océan favorise la restauration des habitats aquatiques qui ont trop longtemps souffert d’une exploitation humaine néfaste. Mais l’économie de l’île d’Arran tout entière profite aussi de ce projet, qui a boosté l’éco-tourisme et la plongée sous-marine ainsi que la pêche locale avec le retour de la vie marine.

    « L’arrêt de l’activité humaine permet de restaurer la biodiversité et l’abondance en contribuant à la santé des fonds marins », a affirmé Claudia Beamish, une politicienne écossaise lors d’une séance du Parlement écossais en décembre dernier1. « Ces bénéfices profitent aux communautés de pêcheurs qui travaillent dans le respect des lois autour de ces zones de préservation...dans nos eaux. Le redressement économique et la restauration écologique doivent aller de pair. » 

    Bienvenue dans l’économie bleue.

    Selon le National Ocean Service, rattaché au Département du commerce des Etats-Unis, plus de la moitié de l’oxygène produit sur Terre provient des océans2. Le prochlorococcus, une micro-bactérie marine, génère 20% de l’oxygène présent dans notre biosphère – soit un volume bien supérieur à toutes les forêts pluviales et terres tropicales combinées.

    Ces bactéries sont également une indispensable source de nourriture et d’activité économique : environ 3,2 milliards d’individus dans le monde tirent près d’un cinquième de leur apport en protéines du poisson et plus de 3 milliards dépendent de la biodiversité marine et côtière pour leur nourriture.3

    Mais la pêche industrielle, l’exploration pétrolière offshore et l’utilisation des océans comme décharge de plastiques et d’autres produits chimiques dangereux ont détruit l’équilibre de ces écosystèmes fragiles. Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), la part des stocks de poisson biologiquement soutenables est passée de 90% en 1970 à moins de 66% ces dernières années – et la tendance se poursuit, mettant en péril nos futures réserves de nourriture.4

    ... plus de la moitié de l’oxygène produit sur Terre provient des océans

    Tous ces phénomènes sont le résultat d’une économie WILD (« Wasteful, Idle, Lopsided and Dirty ») c’est-à-dire gaspilleuse, inefficace, inéquitable et sale. Une économie destructrice, qui sape la soutenabilité à grand renfort de pollution et épuise rapidement les ressources naturelles.

    Réensauvager les océans pour favoriser l’émergence d’une économie bleue, privilégiant les activités marines soutenables, gage de croissance économique, est un aspect essentiel de notre transition vers une économie CLIC™ (« Circular, Lean, Inclusive and Clean »), c’est-à-dire circulaire, efficiente, inclusive et propre. Une économie qui tend vers la soutenabilité, la justice sociale et la gestion responsable de l’environnement.

    Les coquillages et crustacés pourraient apporter une première réponse. Des recherches menées à l’Université de Stanford5 semblent suggérer que les palourdes et les moules peuvent nettoyer estuaires, fleuves et autres cours d’eau des éléments chimiques, potentiellement dangereux, dérivés des médicaments, produits de beauté et herbicides que les usines de retraitement n’ont pas totalement éliminés – et qui se retrouvent parfois dans les océans.

    L’Université de Floride a réalisé des recherches6 qui montrent l’intérêt de la présence de coquillages et crustacés dans les eaux côtières. Ils sont en effet capables non seulement d’extraire le dioxyde de carbone de l’atmosphère et de le stocker dans leurs tissus et leur coquille, mais aussi d’éliminer l’azote et de filtrer l’eau, ce qui accroît la pénétration de la lumière et favorise la croissance de l’herbier marin. 

    Réensauvager les océans pour favoriser l’émergence d’une économie bleue, privilégiant les activités marines soutenables, gage de croissance économique, est un aspect essentiel de notre transition vers une économie CLIC™

    Entre-temps, les zones de préservation, comme celle de l’île d’Arran en 2008, se régénèrent progressivement. 

    Grâce à un projet pilote de zone de non-pêche (no-fishing-zone, NFZ) dans la baie de Gökova, dans le sud-ouest de la Turquie, les stocks de poisson se sont multipliés par dix, colonisant même les eaux voisines pêchables. Résultat : les revenus des communautés locales de la baie ont augmenté de 400% en à peine 5 ans7

    Suite à ce succès, le gouvernement turc a décrété six nouvelles NFZ en 2010, afin de protéger les aires de reproduction, dans le cadre d’une initiative réunissant le premier réseau de réserves marines gérées en autonomie par la communauté.

     

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    Les NFZ sont un atout précieux dans l’économie bleue, mais elles n’ont pas suffi à restaurer les forêts d’algues varech au large des côtes de Californie, dévastées par la prolifération d’oursins violets, qui se nourrissent de cette algue géante.

    La surpêche et la pollution ayant tué les prédateurs naturels de ces oursins, ceux-ci ont proliféré. Aujourd’hui, il en résulte des zones dénudées de végétation et couvertes d’oursins (les « urchin barrens ») qui, privés de varech, sont plongés dans un état d’hibernation virtuelle.

    Sevrés de nourriture, ils ont perdu toute valeur nutritive et tout intérêt pour les rares prédateurs restants. Or, ils peuvent survivre ainsi des décennies, formant de véritables déserts sous-marins, que les NFZ ne parviennent pas à régénérer.  

    Urchinomics, une société norvégienne, se propose de résoudre le problème en payant les pêcheurs locaux au chômage pour récolter ces oursins. Elle les élève ensuite dans des fermes, les engraissant dans des bassins afin de les vendre à des grands restaurants de sushis.

    Pour les zones nettoyées, ces efforts sont autant de chances de retrouver un équilibre écologique, ce qui peut se faire assez rapidement : une fois les oursins éliminés, le varech repousse en trois mois, créant un environnement favorable aux poissons, aux phoques, aux otaries et à d’autres animaux marins.

    Pour les zones nettoyées, ces efforts sont autant de chances de retrouver un équilibre écologique, ce qui peut se faire assez rapidement

    Bay Foundation, une ONG californienne qui collabore avec Urchinomics, a ainsi restauré quelque 220'000 m2 de forêt de varech, dégageant des aires de reproduction pour plus de 700 espèces marines.

    S’il s’agit d’une goutte d’eau dans l’océan, lorsqu’on compare ce chiffre aux milliers d’hectares de forêts de varech détruites au cours des décennies, ce premier résultat est le signe que le réensauvagement des océans peut aboutir à une économie bleue prospère.

    « Bon nombre de défis mondiaux auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui sont dus au manque de motivation », explique Brian Tsuyoshi Takeda, fondateur et CEO d’Urchinomics dans la charte de mission de l'entreprise. « Lorsque les avantages sont alignés et que l’homme peut laisser libre cours à son sens de l’innovation, restauration de l’environnement et développement social peuvent aller de pair avec profits économiques. »8

    1 https://www.parliament.scot/chamber-and-committees/what-was-said-and-official-reports/what-was-said-in-parliament/meeting-of-parliament-15-12-2020?meeting=13017&iob=117715
    2 https://oceanservice.noaa.gov/facts/ocean-oxygen.html#:~:text=Scientists%20estimate%20that%2050%2D80,smallest%20photosynthetic%20organism%20on%20Earth.
    3 https://www.un.org/sustainabledevelopment/oceans/
    4 The State of World Fisheries and Aquaculture 2020 (fao.org)
    5 https://news.stanford.edu/news/2014/august/clams-clean-water-081214.html
    6 https://shellfish.ifas.ufl.edu/environmental-benefits/#Filtration
    7 https://whitleyaward.org/winners/guardians-sea-securing-expanding-marine-reserves-along-turkish-coastline/
    8 https://www.urchinomics.com/our-ceo

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