Impôts en hausse, mais de vrais motifs d’optimisme pour les entrepreneurs : l’analyse de nos experts sur le Budget d’automne 2025

Impôts en hausse, mais de vrais motifs d’optimisme pour les entrepreneurs : l’analyse de nos experts sur le Budget d’automne 2025

points clés.

  • Les augmentations de l’impôt sur les revenus immobiliers, de l’épargne et des dividendes seront mises en place progressivement au cours des deux prochaines années, ce qui permettra de revoir les stratégies de revenu, la structure des actifs et le moment opportun pour réaliser des gains
  • L’élargissement de l’accès à l’Enterprise Investment Scheme (EIS) et à l’Enterprise Management Incentive (EMI) offre des opportunités intéressantes de croissance et d’harmonisation, mais les modifications apportées à l’allègement fiscal accordé aux Employee Ownership Trust et les nouvelles règles de lutte contre l’évasion fiscale obligent à aborder avec prudence toute restructuration préalable à la vente
  • En l’absence de taxe de sortie (exit tax), mais avec un contrôle plus strict de la non-résidence temporaire, les personnes qui envisagent de déménager doivent concilier leur planification fiscale avec leurs priorités en matière de famille, d’éducation et de mode de vie à long terme
  • Dans un environnement fiscal changeant, il est important d’examiner à temps les structures de fiducie, la planification successorale et la gouvernance familiale, afin de s’assurer que le transfert de patrimoine se fasse de manière efficace et dans le respect des valeurs personnelles et familiales.

Le budget d’automne 2025 a suscité de nombreux débats et, après près de trois mois de spéculations, les attentes étaient élevées. Les mesures adoptées se sont toutefois révélées plus significatives par ce qu’elles ne contenaient pas que par ce qu’elles incluaient, laissant les particuliers fortunés et les entrepreneurs face à un mélange d’opportunités et de défis à relever.

Lors d’un récent webinaire, les experts de Lombard Odier, Sophie Dworetzsky, Head of UK Wealth Planning, David Barker, Senior Wealth Planner, et Isobel Holgate, Wealth Planner, ont analysé les implications du budget pour la création de patrimoine, l’entrepreneuriat, la stratégie fiscale et la planification successorale. S’appuyant sur des décennies d’expérience combinée en matière de conseil à la clientèle privée, ils ont formulé des conseils pratiques à l’intention des personnes désireuses de protéger, d’optimiser et de faire fructifier leur patrimoine dans un paysage fiscal complexe et changeant.

Au cours de la discussion, les intervenants ont examiné comment ces mesures budgétaires, ainsi que le contexte plus large dans lequel elles ont été annoncées, pourraient affecter la création de richesses, les décisions d’investissement, la planification des affaires et les stratégies de succession à long terme.

Gérer l’incertitude : la réaction des particuliers fortunés aux spéculations sur le budget

La période précédant la présentation du budget a été ponctuée de nombreuses fuites sur les possibles changements fiscaux, alimentant une forte spéculation médiatique. David Barker a souligné que cette situation avait eu des conséquences bien réelles, influençant les comportements avant l’adoption du budget : « Des plus-values ont été réalisées par peur d’une nouvelle augmentation des taux d’imposition, et des capitaux de retraite ont été retirés par crainte d’une réduction du montant exonéré d’impôt. De nombreuses personnes ont anticipé les donations entre vifs en prévision des modifications du régime PET (Potentially Exempt Transfer), et certaines ont même pris des dispositions pour quitter le Royaume-Uni et établir une non-résidence sur la base de l’année fractionnée afin d’éviter une éventuelle taxe de sortie. »

Ces réactions mettent en évidence les conséquences plus générales qui découlent de l’incertitude, conduisant les particuliers et les familles à prendre des décisions en fonction des changements fiscaux attendus, ce qui a souvent un coût personnel et financier important. David Barker a averti que, bien que certaines mesures ne se soient pas concrétisées dans ce budget, les idées sous-jacentes pourraient rester sur la table et ressurgir à l’occasion de futures annonces.

Isobel Holgate a également observé des parallèles avec le budget travailliste de 2024, notant que si de nombreuses craintes se sont avérées infondées, plusieurs aspects importants ont été mis en évidence, que les particuliers fortunés et les entrepreneurs devraient surveiller de près.

Les points douloureux du budget : l’impôt sur le revenu, l’épargne et la propriété

La mise en œuvre des mesures fiscales de ce budget entraîne un changement subtil, mais décisif, de la manière dont les personnes fortunées devront gérer leurs revenus, leur épargne et leurs biens. Pour beaucoup, le problème commence avec les dividendes et les revenus de l’épargne. À compter d’avril 2026, les taux d’imposition des dividendes vont augmenter :

  • de 8,75% à 10,75% pour le taux le plus bas ;
  • de 33,75% à 35,75% pour le taux le plus élevé.

À compter d’avril 2027, les taux de base, supérieur et additionnel sur les revenus de la propriété et de l’épargne passeront respectivement à 22%, 42% et 47%. Dans ce contexte, Sophie Dworetzsky a évoqué un motif de réconfort inattendu : « Bien que les conjectures antérieures au budget laissaient penser que les taux d’imposition des plus-values pourraient augmenter, cela ne s’est pas concrétisé. Le taux maximal d’imposition des gains d’investissement restant fixé à 24%, nous nous attendons à un regain d’intérêt pour les stratégies qui privilégient la croissance du capital, tout en minimisant ou en reportant les revenus pour les résidents britanniques. »

La demande d’enveloppes fiscales avantageuses, en particulier les offshore life bonds, s’est renforcée, les investisseurs cherchant à différer leurs revenus jusqu’à la fin de leur résidence fiscale au Royaume-Uni. Comme le souligne Sophie Dworetzsky, une planification rigoureuse reste essentielle, en particulier pour ceux qui envisagent une non-résidence temporaire, car la frontière peut être mince entre l’opportunité et le risque lié à la lutte contre l’évasion fiscale.

À terme, l’introduction d’une taxe sur les propriétés de luxe à partir d’avril 2028, s’appliquant aux biens immobiliers de plus de 2 millions de livres sterling, est modeste en termes de rendement, mais hautement symbolique

Les propriétaires immobiliers, quant à eux, sont confrontés à un environnement fiscal de plus en plus contraignant. L’augmentation de 2% de l’impôt sur les revenus fonciers confirmée dans le budget renforce encore la pression cumulée depuis plusieurs années : augmentation du droit de timbre (Stamp Duty Land Tax), érosion des indemnités d’usure (wear-and-tear allowances) et restrictions sur l’allègement des intérêts hypothécaires. Comme l’a fait remarquer David Barker, « tous ces éléments, ainsi que la nouvelle augmentation de 2% à partir d’avril 2027, ont un effet corrosif sur les avantages d’être propriétaire. Au-delà de la fiscalité, la loi sur les droits des locataires a incité certains propriétaires à vendre des biens immobiliers, ce qui reflète les pressions exercées sur le marché en général. »

À terme, l’introduction d’une taxe sur les propriétés de luxe à partir d’avril 2028, s’appliquant aux biens immobiliers de plus de 2 millions de livres sterling, est modeste en termes de rendement, mais hautement symbolique. Elle affecte de nombreux propriétaires londoniens, et les coûts de mise en œuvre et d’administration de la taxe risquent d’être supérieurs aux recettes perçues. David Barker a suggéré que la mesure pourrait constituer avant tout un signal : une façon de manifester que les plus riches supportent la charge fiscale, ou peut-être la première étape de futures réformes visant à augmenter les recettes.

Saisir les opportunités en gérant les risques : le budget pour les entrepreneurs

Pour les entrepreneurs, le budget brosse un tableau plus nuancé, entre signaux positifs et appels à la prudence. Comme l’a noté Sophie Dworetzsky, certains points sont réellement positifs pour les personnes qui créent et développent des entreprises. Le gouvernement a facilité l’accès à l’Enterprise Investment Scheme (EIS), en doublant les seuils d’actifs bruts et d’investissements annuels, ce qui a permis à un plus grand nombre d’entreprises de lever des fonds plus efficacement. Le programme d’Enterprise Management Incentive (EMI) a également enregistré des progrès encourageants. Les seuils d’actifs bruts ont été quadruplés pour atteindre GBP 120 millions et le nombre d’employés a été porté à 500, ce qui permet à un plus grand nombre d’entreprises en croissance d’utiliser des incitations en actions bénéficiant d’un traitement fiscal avantageux pour aligner les principaux dirigeants sur les objectifs à long terme. « Lorsqu’un entrepreneur envisage de se retirer, le fait de pouvoir compter sur une équipe de direction motivée et bien alignée peut considérablement accroître la valeur de l’entreprise », a déclaré Sophie Dworetzsky. « L’EMI est un moyen efficace de favoriser cet alignement, et l’élargissement de son champ d’application est donc particulièrement bienvenu. »

Le gouvernement a également réaffirmé son soutien à l’innovation par le biais d’initiatives en matière de marchés publics et de mesures visant à faciliter les investissements de la British Business Bank. Parallèlement, il a publié un prospectus destiné aux entrepreneurs, qui rassemble les récentes modifications apportées aux dispositifs fiscaux EIS, VCT et EMI, tout en réitérant son engagement à simplifier la délivrance de visas aux travailleurs hautement qualifiés, qui pourrait se rattacher au régime des nouveaux résidents éligibles (QNR – Qualifying New Residents ) introduit après la suppression de la remittance basis. Alors que certains pourraient considérer ces mesures comme de simples ambitions, Sophie Dworetzsky les décrit comme des « pousses vertes de la politique pour les entrepreneurs ».

Cependant, le budget a également posé de nouveaux défis aux entrepreneurs. David Barker a mis l’accent sur les changements immédiats de la réduction de l’impôt sur les plus-values des Employee Ownership Trust, dont le taux passera désormais de 100% à 50%, ainsi que sur le renforcement des règles concernant les restructurations d’entreprise et la lutte contre l’évasion fiscale. L’ancien test des « raisons commerciales légitimes » (bona fide commercial reasons) a été remplacé par une règle anti-évasion fiscale ciblée (Targeted Anti-Avoidance Rule), et il reste à voir comment cet amendement modifiera le paysage de la restructuration en amont de la vente.

Malgré ces ajustements, le budget a réservé une bonne nouvelle : aucune taxe de sortie ne sera introduite cette année pour les personnes qui envisagent de devenir non-résidentes avant de vendre leur entreprise. Sophie Dworetzsky insiste sur la nécessité de bien gérer le Statutory Residence Test et les règles relatives à une non-résidence temporaire. Par exemple, les bénéfices commerciaux réalisés après le départ et versés sous forme de dividendes sont désormais imposables si le bénéficiaire revient dans les cinq ans, ce qui montre que la planification d’une non-résidence temporaire peut encore être efficace, mais seulement si elle est réalisée avec précision en suivant les conseils d’un expert.

Nous nous trouvons indéniablement dans un environnement où la fiscalité et les coûts sont élevés. L’augmentation des taux d’imposition sur le revenu ne contribue pas à améliorer la situation, mais les « pousses vertes » pour l’entrepreneuriat sont encourageantes, à condition de les cultiver avec soin

Planification stratégique : risques et opportunités pour les créateurs de richesse

Nos experts ont conclu leur intervention par une discussion prospective sur la question de savoir si le Royaume-Uni commence à retrouver son attrait pour les créateurs de richesse. Sophie Dworetzsky a fait preuve d’un optimisme prudent : « Il est encourageant de voir l’attention portée aux créateurs de richesse et aux entrepreneurs, mais nous nous trouvons indéniablement dans un environnement où la fiscalité et les coûts sont élevés. L’augmentation des taux d’imposition sur le revenu ne contribue pas à améliorer la situation, mais les “pousses vertes” pour l’entrepreneuriat sont encourageantes, à condition de les cultiver avec soin. »

David Barker a mis en avant l’état d’esprit de plus en plus international des particuliers fortunés. Certains envisagent déjà une délocalisation, notamment en Suisse, en Italie et aux Emirats arabes unis, qui constituent des alternatives attrayantes compte tenu de leur régime fiscal avantageux et de leur qualité de vie. « La délocalisation n’est pas qu’une question de fiscalité », a-t-il rappelé aux participants. « La culture, l’éducation, le climat et la famille sont autant d’éléments importants. L’arbre ne doit pas cacher la forêt ! »

La culture, l’éducation, le climat et la famille sont autant d’éléments importants. L’arbre ne doit pas cacher la forêt !

Pour ceux qui restent au Royaume-Uni, l’équipe a souligné que la planification de la succession, la restructuration préalable à la vente et les stratégies de détention d’actifs continuent d’être cruciales. Un calendrier réfléchi, une structuration minutieuse et des conseils d’experts sont considérés comme des outils essentiels pour limiter les risques, optimiser les incidences fiscales et préserver le patrimoine d’une génération à l’autre. En d’autres termes, le budget a peut-être apporté moins de changements marquants que prévu mais, pour les créateurs de richesse avisés, il souligne l’importance d’une planification stratégique prospective.

Check-list pratique après la présentation du budget d’automne 2025

Planification des impôts et des revenus

  • Tenir compte de l’impact des prochains changements de taux d’imposition des dividendes, de l’épargne et des revenus fonciers.
  • Discuter avec votre conseiller de la possibilité d’utiliser des enveloppes fiscales avantageuses et de planifier le moment où les gains d’investissement seront réalisés.


Propriété immobilière

  • Examiner les implications de l’augmentation de 2% de l’impôt sur les revenus fonciers et de la future « taxe sur les propriétés de luxe ».


Entrepreneuriat et planification des affaires

  • Etudier les possibilités offertes par les dispositifs fiscaux EIS et EMI.
  • Réfléchir au calendrier et à la structuration pour toute réorganisation préalable à la vente, ainsi qu’à la planification de la succession.


Résidence et délocalisation

  • Evaluer les stratégies de résidence en dehors du Royaume-Uni et les implications pour les droits de succession et les revenus à l’étranger.
  • Discuter de la gestion du Statutory Residence Test en cas de non-résidence temporaire.


Succession et conseils successoraux

  • Examiner les structures de fiducie et patrimoniales, y compris les Excluded Property Trusts et les dégrèvements.
  • Tenir compte de la gouvernance familiale et de l’alignement sur les objectifs de succession à long terme.

Budget d’automne : une planification réfléchie

Le budget d’automne 2025 met les créateurs de richesse face à un défi clair : gérer les hausses d’impôts successives tout en tirant le meilleur parti d’opportunités ciblées. La plupart des mesures les plus importantes – des augmentations de l’impôt sur les dividendes et les revenus fonciers aux adaptations des abattements accordés aux entrepreneurs – seront mises en œuvre au cours des deux prochaines années, ce qui donne aux particuliers et aux familles un temps précieux pour se préparer.

Comme l’ont souligné nos experts, les bonnes décisions dépendent de priorités personnelles : faut-il accélérer les revenus, différer les gains, envisager une restructuration ou examiner les possibilités de délocalisation ? Il ne s’agit pas de questions purement financières. Elles touchent à la gouvernance familiale, à la succession à long terme et aux ambitions plus larges que les entrepreneurs nourrissent pour leur entreprise et l’héritage qu’ils laisseront. Comme l’a fait remarquer Sophie Dworetzsky, même si l’environnement implique une fiscalité et des coûts élevés, il existe encore des possibilités intéressantes pour ceux qui s’y prennent à l’avance.

Pour les particuliers fortunés ou très fortunés (HNWI et UHNWI) qui réfléchissent à leur avenir, il est essentiel de prendre des mesures suffisamment tôt. L’évaluation de la résidence, la révision des structures de fiducie, la planification d’un éventuel retrait ou la préparation à de futurs changements de revenus sont autant d’éléments qui bénéficient d’un planning mûrement réfléchi. Chez Lombard Odier, nous travaillons en étroite collaboration avec nos clients pour les aider à comprendre les implications de ces évolutions et à élaborer des stratégies sur mesure qui correspondent à leurs objectifs, à leurs valeurs et à leur situation familiale.

Même si ce budget a réservé moins de surprises que prévu, il confirme une vérité bien connue : une planification proactive et avisée est l’outil le plus puissant pour préserver et développer le patrimoine dans un paysage fiscal en constante évolution.

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