Youngtimers, supercars, Ferrari : le marché des voitures de collection explose (et ne compte pas s’arrêter là)

Youngtimers, supercars, Ferrari : le marché des voitures de collection explose (et ne compte pas s’arrêter là)
De gauche à droite : Porsche 911 (992) GT3RS, Aston Martin DB6 et Lancia Flavia Iniezione (ed. 1968)

points clés.

  • Porté par une croissance soutenue et une homogénéité des goûts à l’échelle mondiale, le marché des voitures de collection s’impose progressivement comme un pilier des actifs « passion » au sein du patrimoine alternatif 
  • Près de 50% des transactions s’effectuent pourtant en « off market », révélant un marché plus opaque qu’il n’y paraît et où la maîtrise de l’expertise est déterminante 
  • Les dynamiques générationnelles redessinent le paysage : tandis que les modèles des années 50 à 70 perdent de leur superbe, youngtimers et supercars des années 80 à 2000 concentrent désormais la demande et les plus fortes progressions de valeur
  • À moyen terme, le marché devrait poursuivre cette recomposition, entre segmentation accrue des modèles classiques et rôle central de Ferrari.

Longtemps considéré comme un domaine réservé à quelques passionnés avertis, l’automobile de collection occupe aujourd’hui une place singulière dans l’univers des actifs tangibles. Entre héritage culturel, valeur émotionnelle et intérêt patrimonial croissant, elle évolue à la croisée de la passion et de l’investissement. Dans un contexte où les repères économiques et sociétaux se transforment rapidement dans un monde en pleine mutation, que représente aujourd’hui réellement la voiture de collection ? Et comment appréhender un actif qui dépend autant de dynamiques générationnelles que de transformations technologiques ?

Pour apporter un éclairage à ces questions, Lombard Odier France a organisé l’événement « Automobiles de collection : passion ou investissement ? », réunissant Vladimir Grudzinski, cofondateur & CEO de CarJager, Maxime Lépissier, associé et expert de CarJager, Alexis Chardigny, Banquier privé senior chez Lombard Odier France et passionné d’automobile, ainsi que le journaliste automobile et collectionneur Grégory Galiffi. Les échanges et analyses ont dressé le portrait d’un marché paradoxal, en pleine expansion mais profondément bouleversé.

Avec EUR 45 milliards d’échanges annuels, une croissance annuelle d’environ 10 % depuis 2000 et une valeur totale de parc estimée à quelque EUR 800 milliards1 en 2024, le marché des automobiles de collection s’impose clairement comme l’un des segments les plus dynamiques et les plus résilients du monde des actifs « passion »

Un marché globalisé qui ne cesse de croître

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Avec EUR 45 milliards d’échanges annuels, une croissance annuelle d’environ 10 % depuis 2000 et une valeur totale de parc estimée à quelque EUR 800 milliards en 2024, le marché des automobiles de collection s’impose clairement comme l’un des segments les plus dynamiques et les plus résilients du monde des actifs « passion ». Pour Alexis Chardigny, Banquier privé senior chez Lombard Odier et expert du marché automobile, cette dynamique illustre parfaitement la manière dont les actifs tangibles s’imposent désormais comme un pilier structurant de la gestion patrimoniale alternative.

Cette croissance ne tient néanmoins pas au hasard. Cette dernière s’appuie sur un phénomène rarement observé dans les univers de collection : la quasi-uniformité des goûts à l’échelle mondiale. Une Ferrari 275 GTB, une Porsche 964 RS ou une Lamborghini Countach suscitent aujourd’hui le même intérêt auprès des passionnés et collectionneurs aux quatre coins du globe, majoritairement réparties entre l’Europe, les Etats-Unis et l’Asie – de Paris à Los Angeles en passant par Dubaï et Tokyo. Maxime Lépissier de CarJager y voit un atout décisif : « C’est un marché global. Les références sont les mêmes partout. Une Ferrari F40 a le même pouvoir évocateur partout dans le monde. »

Cette homogénéité culturelle dans l’univers des voitures de luxe et de collection crée une profondeur de marché rare, renforcée par la circulation internationale des véhicules. Preuve en est : CarJager, plateforme digitale d’achat et vente de voitures anciennes, sportives et de collection créée dans l’Hexagone en 2018, réalise près de la moitié de ses transactions hors de France, illustrant la fluidité de ce marché global.

Pour autant, cette dynamique d’ensemble masque une série de paradoxes structurels que les intervenants ont largement soulignés.

Ce que la plupart des acheteurs ignorent en effet, c’est que près de 50 % du marché se joue précisément off-market, hors des annonces publiques, via réseaux privés, collectionneurs discrets, courtiers spécialisés ou bouche-à-oreille

La grande opacité d’un marché en apparence accessible

Internet a bouleversé la relation au marché. Cotes, archives, historiques de ventes, vidéos d’expertise : tout semble aujourd’hui accessible en quelques clics. Pour autant, l’impression d’accessibilité à l’ensemble du parc demeure parfois trompeuse.

Comme le rappelle Vladimir Grudzinski, cofondateur & CEO de CarJager, « les autos disponibles en ligne ne sont que la partie visible de l’iceberg. » Ce que la plupart des acheteurs ignorent en effet, c’est que près de 50 % du marché se joue précisément off-market, hors des annonces publiques, via réseaux privés, collectionneurs discrets, courtiers spécialisés ou bouche-à-oreille.

locom/news/2025/12/20251211/ClassicCar_ArticleLOcom_2Maxime Lépissier (Associé et expert chez CarJager) et Vladimir Grudzinski cofondateur et CEO de CarJager)

Cette invisibilité entretient une forme de rareté organisée, mais également de confusion. Le marché regorge d’intermédiaires aux pratiques hétérogènes, de transactions sans garde-fous, et de véhicules dont l’origine, l’historique ou l'authenticité ne sont pas toujours garantis. Maxime Lépissier évoque ainsi « une expérience d’achat souvent longue, complexe et insécurisante », en particulier pour les nouveaux entrants, peu rompus à l’exercice et moins à même de déjouer les pièges de certaines annonces.

C’est précisément pour lutter contre cette zone grise que CarJager a construit son modèle en 2018 : structurer l’information, consolider les sources, professionnaliser les transactions et sécuriser chaque étape du parcours du client. Vladimir Grudzinski le formule avec franchise : « Ce marché est historiquement analogique. Arriver en 2018 avec une plateforme digitale, c’était l’équivalent de la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb. »

Nouvelles générations : un basculement historique des goûts

Au cœur des enjeux, la mutation du désir automobile apparaît comme un axe majeur de transformation. Les modèles emblématiques des années 50 à 70, longtemps considérés comme le socle indépassable du marché, connaissent désormais un certain essoufflement auprès des passionnés. Jaguar Type E, Alfa Romeo classiques, Maserati des sixties sont autant de modèles dont la cote glisse progressivement, reflet d’un changement sociologique profond. Vladimir Grudzinski d’expliquer : « Les passionnés qui ont vu ces voitures jeunes dans la rue sont de moins en moins en capacité d’acheter parce qu’ils vieillissent. Ces derniers lèguent leurs autos, mais la génération suivante ne se revendique pas de la même culture automobile. »

À l’inverse, les acheteurs aujourd’hui âgés de 30 à 50 ans, soit ceux qui structurent une majeure partie de la demande, se tournent massivement vers les modèles de leur enfance : Porsche 964 et 993, Ferrari 360 Modena, BMW M3 E46 ou encore Lamborghini Diablo.
Ces véhicules, plus récents, plus fiables, plus « roulables » au quotidien, offrent un compromis idéal et séduisant : le charme de l’analogique combiné à une certaine modernité mécanique.

Et la flambée des cotes le confirme : une Porsche 964 Carrera 2, achetée EUR 25'000 dans les années 2000, dépasse désormais les EUR 80’000. Autre exemple frappant : une Ferrari F430 Scuderia, autrefois considérée comme simple évolution d’un modèle courant, franchit allègrement la barre des EUR 300’000 pour les modèles en excellent état. Ce segment modern-classic apparaît aujourd’hui plus que jamais comme le moteur du marché des voitures de luxe et de collection.

Ferrari occupe une place à part. La marque au Cavallino Rampante, de par sa maîtrise du marché primaire, de son contrôle strict d’allocations de véhicules à ses clients et de son programme « Icona », contribue à faire croître sa désirabilité et une demande mondiale en pleine ascension

Les supercars contemporaines : entre fascination et hyper-spéculation

Les hausses les plus vertigineuses concernent cependant les supercars des années 1990 à aujourd’hui. L’exemple de la Pagani Zonda LM Roadster, vendue autour de EUR 1 million à sa sortie, a été récemment adjugée à USD 11 millions3, illustrant sans équivoque la puissance spéculative inhérente à ce segment.

Ferrari occupe ici une place à part. La marque au Cavallino Rampante, de par sa maîtrise du marché primaire, de son contrôle strict d’allocations de véhicules à ses clients et de son programme « Icona », contribue à faire croître sa désirabilité et une demande mondiale en pleine ascension. Les moteurs V12 atmosphériques (des modèles 812, F12 ou 599 par exemple) demeurent plus que jamais des valeurs refuges, tandis que certaines hybrides, telle que la SF90, peinent paradoxalement à conserver leur valeur : excès d’offre, programme d’accès aux séries limitées, diversification et renouvellement rapide des technologies jouent en la défaveur de ces modèles qui ne trouvent pas grâce aux yeux des puristes.

Une ambivalence qui nourrit une prudence accrue chez les experts : comme le rappelle Maxime Lépissier, « même les constructeurs les plus prestigieux sont à la peine sur la technologie hybride : celle-ci est fabuleuse sur le papier, mais elle a parfois été développée trop vite. »

La France, un marché sous tension sous l’effet de la fiscalité

Si le marché mondial se porte bien, la France connaît pour sa part un climat distinctement moins favorable. Entre malus écologique, taxe au poids, durcissement des normes, généralisation des Zones à faibles émissions (ZFE) et réflexion autour d’un impôt sur la fortune automobile, les signaux envoyés par les autorisés ces dernières années semblent défavorables.

L’exemple partagé par Maxime Lépissier parle de lui-même : « Une Audi RS3 commercialisée et vendue à EUR 80’000 doit s’accompagner d’un malus d’environ EUR 70’000. Au total, la voiture coûte donc à son acheteur EUR 150’000 en France, contre EUR 80’000 partout ailleurs en Europe. »

De tels écarts encouragent mécaniquement les acheteurs français à se tourner vers l’importation ou à renoncer à certaines acquisitions neuves. Une pression qui à moyen terme pourrait renforcer encore davantage la dimension internationale du marché.

Certaines règles s’avèrent structurantes : choisir les bons millésimes, privilégier les configurations authentiques et comprendre les cycles générationnels peuvent permettre d’anticiper les mouvements de marché et l’évolution des cotes

Passion ou investissement ?

L’une des contributions les plus éclairantes de la conférence réside dans la manière dont les intervenants ont repositionné la passion au cœur de la réflexion patrimoniale. Vladimir Grudzinski développe ainsi une comparaison inattendue mais pertinente avec le monde hippique : « Lorsqu’on achète un cheval au prix de EUR 300’000, on sait malgré tout que dans vingt ans, il ne sera plus là. Pourtant, on l’achète quand même. » L’analogie est parlante : une automobile de collection ne constitue pas qu’un actif purement financier mais également un actif « passion ». Elle demande un entretien régulier tout comme un usage raisonnable et raisonné, engendrant des frais substantiels auprès de son propriétaire. Elle vit, évolue et vieillit, et ne peut ainsi structurellement pas s’aborder comme une action ou un produit de private equity traditionnel.

locom/news/2025/12/20251211/ClassicCar_ArticleLOcom_1Grégory Galiffi, journaliste et collectionneur

Pour autant, certaines règles s’avèrent structurantes : choisir les bons millésimes, privilégier les configurations authentiques et comprendre les cycles générationnels peuvent permettre d’anticiper les mouvements de marché et l’évolution des cotes. C’est dans cet équilibre subtil entre rationalité et passion que construit la performance durable de cette classe d’actifs tangibles, Grégory Galiffi le soulignant avec simplicité, faisant écho aux propos de Maxime Lépissier : « Sur les voitures exceptionnelles de constructeurs comme Ferrari, Porsche et quelques autres, la question franco-française ne se pose pas : la cote d’une F40 est mondiale. »

La transition énergétique avec le marché des voitures électriques, loin d’étouffer la passion automobile, pourrait au contraire renforcer le caractère patrimonial des modèles thermiques d’exception

Perspectives à horizon 10 ans : un marché appelé à se transformer sans se renier

À l’horizon 5 à 10 ans, plusieurs lignes de force semblent déjà dessinées.
Les modèles classiques des années 50 à 70 continueront de se segmenter entre icônes absolues, comme la Ferrari 275, la Mercedes 300 SL ou les Bugatti historiques, et modèles secondaires en perte de vitesse.

Les « modern-classics » (ou youngtimers, voitures produites entre les années 1980 et début 2010) poursuivront leur ascension, portés par une génération passionnée et solvable, tandis que Ferrari devrait vraisemblablement conserver son statut de mètre-étalon – dans tous les sens du terme. Selon les experts présents lors de cette conférence exceptionnelle, les supercars contemporaines devraient quant à elles rester un terrain de contrastes : certains modèles continueront d’exploser (telles que la Porsche 918 Spyder, la Ferrari LaFerrari ou encore la McLaren P1), tandis d’autres pourraient s’essoufler.

Enfin, la transition énergétique avec le marché des voitures électriques, loin d’étouffer la passion automobile, pourrait au contraire renforcer le caractère patrimonial des modèles thermiques d’exception. Comme le rappelle Grégory Galiffi, « l’automobile de collection deviendra un loisir de luxe, à l’image de la voile ou de l’équitation. ».

Lire aussi : Véhicules électriques de luxe : ambitions et défis | Lombard Odier

Un actif tangible à part entière

Le marché des automobiles de collection, en pleine expansion, traverse une période de profonde recomposition. Mais derrière les fluctuations, les effets de mode et les tensions réglementaires, demeure une constante : la passion, qui se transmet, se réinvente et s’adapte aux nouvelles générations d’amateurs, tout en ancrant l’automobile de collection comme un actif tangible à part entière.

Dans cet univers complexe, chez Lombard Odier, cette vision s’inscrit dans une démarche plus large de gestion patrimoniale à long terme pour nos clients. Notre vocation première est n’est pas seulement de conseiller, mais de proposer à nos clients des solutions d’investissement sur mesure, capables d’intégrer des actifs alternatifs dans une perspective patrimoniale globale, structurée et durable.

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