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    ESG, soutenabilité et au-delà

    ESG, soutenabilité et au-delà
    Kristina Church - Head of CLIC™ (Sustainable) Solutions

    Kristina Church

    Head of CLIC™ (Sustainable) Solutions

    Lors de l’édition 2020 de la conférence Transcontinental Trusts International, Kristina Church, notre Senior Investment Strategist, a parlé investissement soutenable en sortant du périmètre étroit des ESG et de la pandémie.

    Nous intégrons des points clés de son entretien avec Grant Wilson, Chief Investment Officer, Asset Risk Consultants (ARC) ci-dessous.


    En quoi consistent les investissements ESG ?

    Il existe un flou terminologique autour de l’investissement soutenable dans le secteur. Des définitions plus claires sont nécessaires. Pour une personne, investir selon des facteurs ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) peut signifier autre chose que pour une autre. Les facteurs ESG ont une influence considérable sur la performance des entreprises et des marchés. Cela est désormais reconnu. L’analyse ESG est de plus en plus intégrée dans l’analyse traditionnelle des investissements. Cependant, de nombreuses sociétés ont une approche ESG qui se fonde uniquement sur l’exclusion, ou intègrent un cadre ESG tiers au sein des portefeuilles existants. Mais, en règle générale, il ne s’agit que de données historiques et statiques qui ne nous permettent de voir qu’une partie du tableau.

    Chez Lombard Odier, nous pensons qu’il est important d’analyser ces données et de les pondérer en fonction de leur importance, afin de réduire le risque de « greenwashing » (pratique qui consiste à utiliser l’argument écologique dans le seul but d’améliorer son image) chez les entreprises. Nous réalisons ensuite notre propre analyse pour vérifier si ces entreprises ont respecté leurs engagements ESG et les résultats qu’elles ont obtenus. Nous sommes toutefois convaincus qu’il ne faut pas se limiter aux critères ESG, qui ne portent que sur les pratiques commerciales des entreprises. Des thèmes comme le changement climatique, la transition numérique, les inégalités croissantes, entrent également en ligne de compte. Pour analyser et quantifier la soutenabilité du modèle d’affaires d’une entreprise, nous devons aussi tenir compte de facteurs prévisionnels et critiques – et pas uniquement de ses pratiques commerciales au quotidien.

    Pour analyser et quantifier la soutenabilité du modèle d’affaires d’une entreprise, nous devons aussi tenir compte de facteurs prévisionnels et critiques – et pas uniquement de ses pratiques commerciales au quotidien

    C’est essentiel pour comprendre les risques et les opportunités d’investissement. A notre sens, les entreprises soutenables ont de grandes chances de surperformer et de dégager de la valeur.


    Les investissements ESG peuvent-ils entraîner une baisse de rendement, parce qu’ils réduiraient le périmètre des investissements peut-être ?

    Pratiquée à un niveau trop basique, l’approche ESG peut réduire le périmètre des investissements. D’où l’importance de bien décrypter les données. Une société pétrolière et gazière peut disposer d’une excellente notation ESG. Mais à mesure que le monde évolue vers une économie décarbonée, les investisseurs risquent de se retrouver avec des « actifs bloqués » ou des investissements qui pourraient être pris dans une spirale descendante d'évaluations à la baisse et de ventes au rabais. A eux seuls, les indicateurs ESG ne livrent pas assez d’informations. Pour déterminer la soutenabilité d’une entreprise, il faut impérativement procéder à une analyse approfondie de son modèle d’affaires. Fait-elle quelque chose pour relever les défis futurs tels que l’urgence climatique, les risques liés à la biodiversité, la nécessité d’une économie plus circulaire, etc. ? Comment se positionne-t-elle par rapport aux Objectifs de développement durable des Nations Unies ?

    ... l’intégration complète de la soutenabilité est de plus en plus sollicitée afin de mieux appréhender l’ensemble des risques et des rendements

    Nous avons également constaté que les attentes des investisseurs avaient radicalement changé au cours des 18 derniers mois. En Europe en particulier, mais aussi aux Etats-Unis. Les investisseurs ne comprennent pas tous la soutenabilité de la même manière et n’ont pas tous les mêmes exigences s’agissant de son intégration dans les portefeuilles. Beaucoup ne se sont engagés que récemment sur cette voie, et souhaitent exclure des secteurs comme le tabac, l’armement et les jeux de hasard. D’autres se concentrent sur les pratiques commerciales et les mesures fournies par l’analyse ESG. Mais l’intégration complète de la soutenabilité est de plus en plus sollicitée afin de mieux appréhender l’ensemble des risques et des rendements. Les investisseurs apprécient de plus en plus le fait que la soutenabilité puisse être source de surperformance. Et cet intérêt ne vient pas que des investisseurs. Chez les consommateurs, le triple enjeu des personnes, de planète et du profit est également une préoccupation croissante.

    L’an dernier, la Commission européenne a instauré une obligation qui astreint les gérants et les fonds d’investissement à communiquer sur leurs investissements durables. Pensez-vous que cela augmentera la masse d’informations disponible dans ce domaine ?

    A ce stade, on ne dispose encore que de trop peu d’informations sur les réalisations des entreprises en matière de soutenabilité. Il s’agit donc d’une avancée majeure. Les modalités et le niveau de compte rendu en matière de soutenabilité varient d’une entreprise à l’autre. Du reste, les mêmes disparités peuvent être observées au niveau du reporting sur les données relatives aux émissions de niveau 3 (Scope 3) – les émissions indirectes produites dans la chaîne d’approvisionnement de l’entreprise et qui représentent souvent son plus grand impact carbone. Il est important de réglementer davantage dans ce domaine, et que les données soient quantifiables et comparables entre les entreprises et les secteurs. Mais la réglementation n’est qu’un aspect du processus, et souvent, elle arrive trop tard. En tant que gérants, il est de notre devoir de gérer les risques et les rendements de nos investisseurs. Nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre que la réglementation nous guide dans cette voie.

    En tant que gérants, il est de notre devoir de gérer les risques et les rendements de nos investisseurs. Nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre que la réglementation nous guide dans cette voie

    L’équilibrage des températures pourrait être un exemple ici, ou le positionnement des portefeuilles en vue d’un monde décarboné. Comme nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre que cette obligation de communiquer soit obligatoire, nous effectuons notre propre analyse.


    Les comptes rendus ESG sont une réalité relativement nouvelle. Le jargon et le manque d’informations sont un problème. Devrons-nous composer avec cette situation pendant longtemps ?

    De toute évidence, c’est un véritable défi pour le secteur en ce moment. Si vous prenez trois fournisseurs d’indicateurs ESG différents, il se peut qu’ils livrent des conclusions sensiblement différentes sur une même entreprise. Ces divergences peuvent s’expliquer par leur manière de pondérer les données, mais aussi par les informations communiquées par l’entreprise. Si les investisseurs progressent rapidement dans leur compréhension des paramètres ESG et de la soutenabilité, il leur reste encore beaucoup à apprendre. Accroître la transparence y contribuera grandement, mais le risque de « greenwashing » reste un problème. Entre la manière dont les entreprises communiquent des informations et ce qu’elles communiquent, le fossé peut être grand. Plus l’entreprise est grande, plus elle est à même de se concentrer sur ces domaines. Parfois, le problème résulte tout simplement d’une méconnaissance. Il nous est arrivé de rencontrer des entreprises qui n’avaient pas communiqué les informations dont nous avions besoin pour cerner totalement leur modèle d’affaires parce qu’elles n’avaient pas conscience de l’importance de ces informations.

    Il nous est arrivé de rencontrer des entreprises qui n’avaient pas communiqué les informations dont nous avions besoin pour cerner totalement leur modèle d’affaires parce qu’elles n’avaient pas conscience de l’importance de ces informations

    Prenons l’exemple d’un fournisseur américain de logiciels, une société dont l’empreinte carbone est faible par nature. Pour lui, communiquer sur l’ensemble de ses émissions n’est peut-être pas une priorité parce qu’il ne sait pas à quel point l’« additionnalité » – le fait que le logiciel fabriqué puisse contribuer à réduire les émissions ailleurs dans la chaîne d’approvisionnement – est importante. C’est à ce niveau que l’engagement et la gérance sont appelés à jouer un rôle important de l’histoire de la soutenabilité. 

    Un autre danger est que les investisseurs soient obnubilés par certains aspects, comme l’empreinte carbone d’une entreprise. Si vous ne considérez que cette valeur statique, vous pouvez d’emblée exclure les entreprises qui ont amorcé leur transition.

    Un autre danger est que les investisseurs soient obnubilés par certains aspects, comme l’empreinte carbone d’une entreprise. Si vous ne considérez que cette valeur statique, vous pouvez d’emblée exclure les entreprises qui ont amorcé leur transition

    De notre point de vue, il est primordial d’investir dans la transition des entreprises susceptibles d’avoir une empreinte carbone élevée aujourd’hui, mais qui jouent un rôle crucial pour la croissance économique future et qui ont compris la nécessité de mettre leurs modèles d’affaires sur la voie du zéro-émission. Nous avons encore besoin des industries du ciment, des produits chimiques et de l’acier. Nous devons faire en sorte que ces entreprises obtiennent les financements nécessaires à leur décarbonisation. Notre analyse se focalise donc sur le cheminement des entreprises.


    Pensez-vous que les investissements ESG vont continuer de croître, même en période de ralentissement économique mondial ?

    J’en suis convaincue. Je dirais même que la soutenabilité est devenue une priorité dans le contexte de la crise actuelle, à la faveur d’une volonté de « reconstruire en mieux » et d’une réglementation grandissante dans ce domaine. L’octroi de fonds de relance est aujourd’hui assorti de clauses vertes. Tout cela met en évidence l’importance de la soutenabilité et, en particulier, montre à quel point il est essentiel de décoder les modèles d’affaires des entreprises. Dans quelle mesure sont-elles préparés à affronter des crises ? Pour les investisseurs, il est important de cerner la capacité d’adaptation des entreprises et la façon dont elles réagissent aux défis auxquels elles sont confrontées : soutenabilité, pandémie ou chaîne d’approvisionnement.

    Pour les investisseurs, il est important de cerner la capacité d’adaptation des entreprises et la façon dont elles réagissent aux défis auxquels elles sont confrontées : soutenabilité, pandémie ou chaîne d’approvisionnement

    Si nous ne procédons pas à cette analyse, nous ne pourrons pas vraiment identifier les risques et les rendements.

    L’investissement soutenable peut générer des surcroîts de rendements. Les preuves en ce sens se multiplient. Le seul risque auquel on s’expose en pensant ainsi, c’est de réaliser l’ampleur des défis à relever. Nous nous apprêtons à connaître une immense transition et nous devons nous préparer à l’avenir qui nous attend. Pour ce qui est du changement climatique, par exemple, la prochaine décennie sera absolument cruciale. Pouvons-nous vraiment examiner les rendements passés pour comprendre les performances futures ? Aujourd’hui, les investisseurs intègrent déjà mieux l’idée que l’investissement soutenable peut dégager des rendements positifs. Chez Lombard Odier, nous sommes convaincus qu’une Révolution de la Soutenabilité est en marche et qu’elle créera la plus grande opportunité d’investissement de tous les temps.

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