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La bioéconomie peut-elle nous aider à sauver l’Amazonie de la déforestation ?
Article publié par Reuters, 18 décembre 2024
17 décembre – Les révélations selon lesquelles les usines asiatiques de H&M et de Zara achetaient du coton issu de la déforestation et de l’accaparement de terres au Brésil ont surpris les deux géants de la mode eux-mêmes. Ces derniers ont souligné le fait que leur coton était pourtant certifié « durable » par l’initiative Better Cotton. Pour sa part, cette dernière affirme avoir mené un audit indépendant indiquant que les trois exploitations mises en cause sont conformes à ses normes.
Toutefois, le rapport de l’ONG Earthsight ne fait que renforcer la conviction de Marc Palahí : il n’y a qu’une seule façon pour les grandes marques de protéger non seulement leur réputation mais aussi la grande biodiversité des régions où elles puisent les matières premières de leurs produits. Comment ? En raccourcissant considérablement leurs chaînes d’approvisionnement, afin que les producteurs en tirent plus de valeur.
« La chaîne de valeur du café, du cacao ou du coton est très longue et complexe, comptant 15 à 20 intermédiaires. La majeure partie du capital est captée en aval dans l’image de marque et dans la distribution. Et les cultivateurs reçoivent moins de 10% de cette valeur, parfois seulement 1% ou 2% dans le cas du café », explique-t-il. « Nous devons donc raccourcir ces chaînes de valeur et mobiliser le capital qui y est perdu, afin d’augmenter les investissements horizontaux, au niveau de l’environnement lui-même. »
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Marc Palahí est CEO de la Circular Bioeconomy Alliance (CBA), une organisation à but non lucratif fondée en 2020 par Sa Majesté le roi Charles III, officiellement lancée en novembre lors d’une réception organisée dans le cadre somptueux du Palais Saint James à Londres.
De nationalité espagnole, M. Palahí (qui, jusqu’à l’année dernière, dirigeait l’Institut européen de la Forêt) se rappelle avoir été invité à prendre le thé au domaine de Balmoral avec Charles, alors Prince de Galles, en 2019. Il venait de faire un discours à Aberdeen sur la meilleure façon de passer d’une économie linéaire axée sur les combustibles fossiles à une bioéconomie circulaire s’attachant à maximiser l’utilisation des biomatériaux et à minimiser les déchets.
Le Prince l’avait ensuite convié à l’accompagner aux Îles Salomon afin de partager ses conseils sur la durabilité dans l’industrie forestière et de présenter les opportunités que pouvait offrir la bioéconomie circulaire à cet État insulaire situé à l’Est de la Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Quatre ans plus tard, la réception à Saint James a démontré que certaines des graines semées lors de cette toute première expédition commençaient déjà à porter leurs fruits, notamment avec la création de plusieurs « Living Labs » (laboratoires vivants de la CBA) visant à démontrer la possibilité pour les marques de s’approvisionner directement auprès des producteurs.
En intercalant le coton avec des espèces d’arbres alternatives, on peut améliorer la santé des sols, réduire la consommation d’eau et contrôler les nuisibles, réduisant ainsi le recours aux intrants chimiques coûtants
Deux de ces Living Labs concernaient le coton, l’une des matières premières les plus néfastes pour l’environnement, sachant que la fabrication d’un seul tee-shirt nécessite environ 2’700 litres d’eau et un volume considérable de pesticides et engrais polluants.
L’année prochaine, le groupe Armani commencera à vendre des tee-shirts fabriqués dans le cadre de son projet « Apulia Regenerative Cotton », installé dans la région des Pouilles en Italie, qui compte parmi les premières tentatives européennes de production de coton au sein d’un système d’agroforesterie.
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En intercalant le coton avec des espèces d’arbres alternatives, on peut améliorer la santé des sols, réduire la consommation d’eau et contrôler les nuisibles, réduisant ainsi le recours aux intrants chimiques coûtants. Et surtout, cette approche permet aux cultivateurs de diversifier leurs sources de revenus.
Des agroforêts sont également mises en œuvre pour la culture du coton au Tchad, en Afrique, bien que leur développement soit moins avancé dans cet environnement plus difficile, où l’extraction de l’eau destinée à l’agriculture industrielle (et surtout à la production de coton) a fait perdre 90% de sa surface au lac Tchad entre 1963 et 2001.
Le groupe de luxe LVMH, qui s’est fixé pour objectif d’intégrer l’agriculture régénératrice dans toutes ses chaînes d’approvisionnement stratégiques d’ici 2030, s’est associée à la Circular Bioeconomy Alliance et à l’International Rescue Committee dans le cadre de ce projet.
Néanmoins, une marque comme Giorgio Armani vend ses tee-shirts biologiques 390 GBP la pièce. Que faudra-t-il faire pour que des enseignes telles que H&M et Inditex puissent à leur tour intégrer le coton cultivé dans un système agroforestier à leurs chaînes d’approvisionnement ?
M. Palahí, qui est également Chief Nature Officer de la banque privée suisse Lombard Odier, affirme que la CBA travaille pour l’instant avec des entreprises influentes qui ont la volonté et les ressources nécessaires pour déployer à grande échelle des feuilles de route que d’autres pourront suivre.
Lombard Odier, qui mène ses activités indépendamment de la CBA, peaufine depuis plusieurs années une stratégie capable de transformer les chaînes de valeur agricoles en éliminant les intermédiaires qui érodent les marges
« Nous testons différents modes de transition pour passer d’une approche extractive et synthétique (de la production de matières premières) à un modèle fondé sur la bioéconomie circulaire régénératrice. …. Mais cela ne signifie pas nécessairement que les approches appliquées au coton et à d’autres produits seront trop chères pour être utilisées ailleurs que dans le luxe. »
Selon lui, le café est une matière première prête pour un développement à grande échelle. Lombard Odier, qui mène ses activités indépendamment de la CBA, peaufine depuis plusieurs années une stratégie capable de transformer les chaînes de valeur agricoles en éliminant les intermédiaires qui érodent les marges. L’initiative débutera avec le café : l’objectif est d’accompagner les producteurs de trois régions caféicoles dans l’adoption de méthodes d’agroforesterie biologique régénératrice, d’investir dans leur capacité à transformer des grains verts en café torréfié et de vendre directement aux acheteurs. Des discussions sont menées avec un groupe mondial de restauration rapide, une chaîne de supermarchés britannique et une grande société de restauration collective, pour évaluer l’intérêt suscité.
Michael Urban, Chief Sustainability Strategist chez Lombard Odier, a déclaré, lors du sommet Building Bridges de décembre consacré à la finance durable, que cette stratégie est fortement justifiée, même d’un point de vue strictement financier.
Il en veut pour exemple le Laos, où un « volume modéré de dépenses d’investissement » dans les arbres d’ombrage, les systèmes d’irrigation et les infrastructures de production, ainsi que la hausse des salaires et le renforcement des prestations sociales pour les travailleurs, ont permis à un cultivateur de café, qui jusqu’alors vendait 1’000 kilos de grains verts par an sur les marchés des matières premières – pour une marge de 40 centimes le kilo – de vendre directement des grains torréfiés auprès de d’acheteurs spécialisés, pour une marge de 5 USD le kilo.
Selon M. Urban, du point de vue des acheteurs, le café offre un argument de vente convaincant, car il est associé à 100 indicateurs clés de performance attestant de ses bénéfices environnementaux et sociaux, notamment en termes de hausse du carbone organique dans les sols, d’eau propre, de biodiversité et de protection des habitats de la faune, en plus de ses avantages en matière de capital social.
M. Palahí souligne également que le café est l’une des matières premières les plus menacées par le changement climatique, sachant que 50% des régions qui le produisent sont susceptibles de devenir inhospitalières à mesure du réchauffement de la planète
M. Palahí souligne également que le café est l’une des matières premières les plus menacées par le changement climatique, sachant que 50% des régions qui le produisent sont susceptibles de devenir inhospitalières à mesure du réchauffement de la planète. Slow Forest Foods, spécialiste du café biologique verticalement intégré qui vend les grains de café torréfiés de plantations situées au Laos et en Indonésie, est membre de la Circular Bioeconomy Alliance.
« Nous sommes convaincus que le café est un bon point de départ, explique M. Palahí, mais nous comptons poursuivre avec le coton et le cacao. Toutes ces matières premières doivent être produites selon des méthodes totalement différentes. »
Cette année, les cours du café ont atteint des niveaux record en raison d’épisodes de sécheresse qui ont affecté les rendements, notamment au Brésil, fief de cette culture. Les rendements du cacao ont également chuté en Afrique sous l’effet de conditions météorologiques difficiles et de maladies végétales exacerbées par la chaleur.
Selon M. Palahí, cela confirme combien il est important d’adopter une bioéconomie circulaire. « En quarante ans d’agriculture chimique extractive, nous avons affaibli le système immunitaire de nos terres », explique-t-il. « Nous avons dégradé notre capital naturel, qui est la base de production de tout service écosystémique. Or, l’alimentation est un service écosystémique. Nous sommes donc maintenant confrontés à une très faible résilience, au moment même où les chocs climatiques les plus extrêmes se multiplient. C’est comme lorsque nous modifions le système immunitaire de notre corps : les maladies se propagent plus rapidement et peuvent s’avérer fatales. »
Le développement de la bioéconomie a alimenté les débats lors du sommet du G20 qui s’est déroulé au Brésil, où elle a été mise en avant comme un levier clé de croissance économique durable. Au niveau mondial, la bioéconomie est estimée à environ USD 4’000 milliards aujourd’hui et est susceptible de quasiment doubler, à USD 7’700 milliards, d’ici 2030.
La bioéconomie a également occupé une place majeure lors des discussions de la COP16 sur la biodiversité organisée en Colombie, qui a marqué le lancement du Pan-Amazon Network for Bioeconomy, un réseau rassemblant les populations autochtones, les producteurs locaux, les investisseurs d’impact et les institutions financières afin de promouvoir une économie fondée sur la nature dans le biome amazonien, gravement menacé par la déforestation ainsi que par les exploitations minière et forestière illégales.
Selon la Banque interaméricaine de développement, les neuf pays et les 50 millions d’habitants de l’Amazonie devraient bénéficier de cette initiative. Les populations amazoniennes locales utilisent plus de 200 produits naturels dont au moins 60 présentent un fort potentiel commercial.
Les matériaux en provenance d’Amazonie sont déjà présents dans le reste du monde, notamment l’açaí, un caoutchouc naturel considéré comme un « super-aliment » en raison des nombreux nutriments qu’il contient, qui représente 20% à 40% des semelles de la marque de chaussures française Veja (également appelée Vert au Brésil) et des ingrédients pour l’industrie cosmétique, notamment Natura &Co au Brésil.
Lors d’un entretien accordé à l’occasion de la COP16, Angela Pinhati, Chief Sustainability Officer de la société, a expliqué que Natura s’approvisionne en 45 ingrédients naturels en Amazonie, en collaboration avec 44 communautés locales.
En 2024, Natura &Co a obtenu un prêt de durabilité de 1,3 milliard BRL (217 millions USD) lié à des intrants biologiques régénérateurs en provenance d’Amazonie.
Nous visons 55 intrants biologiques d’ici 2030, nous protégeons actuellement 2 millions d’hectares de forêts vivantes, avec l’objectif d’atteindre 3 millions d’hectares d’ici 2030
« Il s’agit d’une relation fondée sur la transparence et sur les liens à long terme. Nous avons créé une équipe dédiée, située non loin des régions concernées, qui rend visite aux communautés et veille à ce que chacune d’entre elles respecte les critères de certification internationaux », explique Angela Pinhati. « Nous visons 55 intrants biologiques d’ici 2030, nous protégeons actuellement 2 millions d’hectares de forêts vivantes, avec l’objectif d’atteindre 3 millions d’hectares d’ici 2030. »
Julio Barboso, président du National Council of Extractivist Populations, organisation brésilienne fondée par le seringueiro et activiste Chico Mendes, espère que davantage d’entreprises suivront l’exemple de Natura &Co et de Veja, en versant une « prime sociale » aux populations locales en plus de la valeur marchande de leurs ingrédients.
La plus grande promesse de la bioéconomie, affirme-t-il, réside dans sa capacité à empêcher les jeunes de quitter la forêt pour aller étudier et gagner leur vie dans des villes éloignées, en leur ouvrant l’accès à la technologie et en leur offrant un travail digne de ce nom au sein de leur propre communauté.
Cependant, le manque d’assistance technique et l’instabilité des droits fonciers constituent de sérieux obstacles, selon lui, tout comme l’écrasant pouvoir du lobby agro-industriel brésilien, qui veut « maintenir la bioéconomie dans l’ombre ».
Les populations autochtones, toutefois, craignent que la sur-extraction fasse disparaître leurs traditions, à savoir le respect de la nature et l’équilibre écologique. C’est déjà le cas avec les monocultures d’açaí, qui se multiplient afin de répondre à une demande mondiale en plein essor et qui, selon une étude, menacent l’intégrité et la biodiversité de l’Amazonie. Par ailleurs, les risques augmentent en matière de santé et de sécurité des travailleurs, qui doivent grimper à plusieurs mètres de hauteur dans les arbres afin de cueillir les fruits puis porter de lourds paniers sur de longues distances afin d’aller les vendre.
Il est très important que nous utilisions la bonne définition de la bioéconomie circulaire, sinon je crains fort que certains pays n’instrumentalisent ce concept pour continuer à mener des activités extractives
Fany Kuiru, responsable de la Coordination des organisations autochtones du bassin de l’Amazone (COICA), déclare : « Nous considérons (la bioéconomie) comme un ensemble de produits uniques, issus de connaissances traditionnelles, qui sont fabriqués selon des méthodes durables et profitant aux populations locales. Nous communions avec l’écosystème en fonction de notre point de vue sur l’univers et de notre calendrier traditionnel. Cela doit être respecté. »
Pour Marc Palahí, il est crucial que les populations autochtones soient les leaders du développement de la bioéconomie en Amazonie. L’un des produits que son alliance compte développer à l’échelle commerciale est la vanille (qui pousse à l’état sauvage en Amazonie), en collaboration avec des leaders autochtones de l’Amazon Sacred Headwaters Alliance en Équateur et au Pérou.
M. Palahí affirme que la bioéconomie sera de nouveau sous les feux des projecteurs en 2025, lors du sommet du G20 qui se déroulera en Afrique du Sud et de la COP30 qui aura lieu au Brésil. « Il est très important que nous utilisions la bonne définition de la bioéconomie circulaire, sinon je crains fort que certains pays n’instrumentalisent ce concept pour continuer à mener des activités extractives... Remplacer le plastique par des produits biologiques issus de monocultures ne régénérera pas la nature. Si nous nous trompons de voie, le résultat pourrait être désastreux. »
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Le présent document de marketing a été préparé par Banque Lombard Odier & Cie SA (ci-après « Lombard Odier »).
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