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Zéro déchet plastique dans les produits d’hygiène ? Une révolution est en marche avec 900.care
Pendant longtemps, les produits d’hygiène ont reposé sur le système du plastique à usage unique. Un désastre pour l’environnement et une menace pour la biodiversité. Cependant, il est désormais possible d’adopter un comportement zéro déchet plastique dans notre usage des gels douches, shampoings et autres produits d’hygiène. 900.care, start-up parisienne fondée en 2019 par Aymeric Grange et Thomas Arnaudo, a pour ambition de révolutionner les habitudes d’hygiène personnelle. Leur objectif ? Faire de la recharge la nouvelle norme de ce marché via un modèle d’abonnement vendu sur leur site internet.
Après avoir conquis le marché français, 900.care – 900 correspondant aux secondes passées en moyenne dans la salle de bain chaque jour, soit 15 minutes – vise aujourd’hui l’internationalisation, avec pour objectif de modifier à l’échelle européenne le comportement des consommateurs. Nous avons rencontré Aymeric Grange, bien résolu à faire naître le déclic écologique auprès du plus grand nombre, une recharge à la fois.
Bonjour Aymeric Grange. Comment 900.care se positionne-t-elle face aux géants de l’industrie de l’hygiène pour promouvoir une consommation plus durable ?
Quand on se promène dans un rayon hygiène de supermarché, on est entouré de produits qui ont deux points communs : le premier, c’est qu’ils sont emballés dans du plastique et le second, c’est que l’eau constitue l’ingrédient principal, pouvant représenter jusqu’à 90% de la composition du produit.
Cela pose un problème environnemental, car on jette beaucoup de plastique et on transporte beaucoup d’eau, ce qui génère énormément d’émissions de CO2, mais aussi un problème de pouvoir d’achat, puisque l’emballage en plastique représente 50% du coût de fabrication d’un gel douche. Avec 900.care, au lieu de transporter de l’eau dans un emballage en plastique jetable, vous gardez et rechargez une bouteille réutilisable et rechargeable et nous vous envoyons les ingrédients actifs, soit les 10% que vous insérez dans votre bouteille réutilisable. Vous rajoutez alors simplement de l’eau du robinet pour recréer vos produits.
Cela a l’avantage d’être meilleur pour la planète, on ne jette pas de plastique, on ne transporte pas d’eau et c’est meilleur pour le portefeuille. Un gel douche est à EUR 2,49 chez nous, car nous n’avons pas à couvrir le coût de la bouteille à usage unique, et c’est meilleur pour la santé puisqu’on peut ainsi investir davantage dans la formulation pour intégrer des produits sains, naturels et agréables.
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Quelles difficultés avez-vous rencontrées dans la conception de vos produits comment les avez-vous surmontées ?
Cette catégorie de produits n’existait pas. Il a donc fallu tout inventer et partir d’une feuille blanche. Le défi R&D était de taille, nous avons donc choisi de l’'internaliser et nous formulons tous nos produits dans notre laboratoire à Paris.
Autre défi, l’industrialisation, puisque nous avons dû créer de zéro une usine à côté de Saint-Etienne car le procédé d’industrialisation était complètement novateur. Enfin, il y a eu le défi d’éducation des consommateurs, qui a nécessité beaucoup de communication pour expliquer le concept et le fonctionnement des produits.
Comment 900.care se distingue dans un marché de plus en plus saturé de produits d’hygiène « verts » ?
Notre offre est unique. Aujourd’hui, sur le marché des produits d’hygiène, il y a la cosmétique solide, mais avec une offre qui divise car difficile à adopter. D’autre part, les efforts des grands groupes ne sont pas assez transformateurs sont souvent assez « cosmétiques » et portent sur l’utilisation de plus de plastique recyclé dans la bouteille sans fondamentalement changer le modèle. Nous sommes à l’intersection des deux avec un produit aussi vertueux que la cosmétique solide. Notre impact vert est donc excellent, tout en gardant le confort d’utilisation des produits traditionnels auxquels beaucoup de gens sont habitués.
Pour favoriser une adoption de masse de produits d’hygiène plus vertueux, il faut que la friction soit la moins forte possible. Nos produits sont donc similaires en termes d’expérience à ceux qu’on trouve en supermarché, coûtent moins cher, et sont livrés chez le client.
Certifiée B Corp™, 900.care répond à des critères socio-environnementaux et de transparence très stricts. Est-ce également le cas pour vos fournisseurs et partenaires ?
Oui, c’est le cas. Tous nos produits sont fabriqués en France, avec des normes sociales très élevées. Nous faisons très attention aux partenaires avec qui nous travaillons. Les valeurs doivent être communes, nous faisons signer des chartes de production pour être sûrs d’être alignés avec eux et nous faisons le maximum pour sourcer des produits éthiques sur les matières premières utilisées.
Ces dernières années, on constate une évolution du comportement des consommateurs vers plus de durabilité. Est-ce aussi le cas pour vos clients ?
Nous avons beaucoup de données sur ce sujet, via notre base de clients avec qui nous avons un lien direct. Elle est très diverse en termes d’âge, de revenus et de répartition géographique.
De nombreux clients vivent à la campagne et dans des petites villes. Leur point commun est qu’ils se définissent en grande majorité comme « écolos débutants », qu’on pourrait traduire par « j'ai envie de faire des efforts pour la planète, mais il faut que ce soit facile, que ça ne me coûte pas plus cher et que ce soit tout aussi agréable ». C’est avec ces clients-là en tête que nous avons conçu notre offre. Aujourd’hui, suffisamment d’offres s’adressent aux « écolos convaincus ». Si nous voulons propager le mouvement à toute la population, il faut réussir à embarquer les « écolos débutants ».
La circularité du plastique est une priorité mondiale pour lutter contre l’impact environnemental du plastique à usage unique. Individuellement, quels gestes durables peut-on adopter au quotidien ?
Le triptyque Reduce, Reuse et Recycle a l’avantage d’être facile à retenir. Il faut s’interroger sur le plastique qu’on utilise : en-a-t-on vraiment besoin ? N’y a-t-il pas des alternatives pour éliminer le plastique ? Ensuite, une fois utilisé, comment puis-je le réutiliser, ou le recharger ? Et enfin, lorsqu’il est en fin de vie, comment m’assurer qu’il soit bien recyclé ? D’ailleurs, on constate qu’aujourd’hui une grande partie des consommateurs se focalise sur la dernière étape du recyclage, alors qu’il faut plutôt agir en amont.
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Dans un contexte économique difficile marqué par l’inflation, vous avez fait le pari audacieux de réduire de 30% le prix de vos produits phares pour aider les consommateurs. Comment vous est venue cette idée ?
Nous avons en effet annoncé une baisse de 30% de nos prix, et par conséquent avions changé temporairement notre nom en 600.care pour l’annoncer.
Il ne faut pas que ça coûte plus cher de consommer écologique. Nous avons donc testé différents niveaux de prix, et ceux-ci maximisent les revenus générés par client car ils peuvent se permettre de prendre plus de produits et rester abonnés plus longtemps à notre service.
Enfin, puisque notre modèle nous permet de supprimer les coûts inutiles tels que l’eau et le plastique jetable, nous avons une base de coûts beaucoup plus faible que les alternatives classiques et nous voulions que nos clients bénéficient aussi de cette baisse de prix. Les clients nous ont fait confiance, nous avons donc souhaité les remercier en leur redonnant une partie des économies réalisées. Bien sûr, cette baisse de prix est définitive, car nous construisons une relation long terme avec nos clients.
Vous avez récemment levé EUR 21M, notamment auprès de LOIM (Lombard Odier Investment Managers). Avec EUR 10M de CA en 2023 et plus de 90 000 clients, votre croissance est fulgurante, en seulement 4 ans d’existence. Quelles sont les prochaines étapes pour 900.care ?
La prochaine grande étape, sur laquelle nous travaillons depuis plusieurs mois, est l’internationalisation en Europe. Alors que nous avons lancé les premiers ce concept en France, nous avons constaté qu’aucune offre comparable n’existait en Europe, tandis qu’on note une forte demande des consommateurs. L’objectif est donc de conquérir l’Europe en se lançant au Portugal, en Espagne, en Italie, en Allemagne, en Autriche et aux Pays -Bas, en plus des pays où nous sommes déjà présents : France, Belgique et Suisse.
Notre but est que l’international représente dans les trois prochaines années un marché aussi important que la France. L’autre grand objectif est d’atteindre la rentabilité cette année en France en continuant à nous développer. Nous sommes très disciplinés dans notre exécution et nous prenons soin à ne pas brûler les étapes.
Quels ont été les critères déterminants dans le choix de LOIM comme investisseur ?
On s’est tout de suite reconnus dans les valeurs et la mission de la Stratégie Plastic Circularity de LOIM. Il est important pour nous d’avoir des investisseurs alignés avec nos valeurs et sur le fait que nous ne privilégions pas toujours la rentabilité économique, nos choix pouvant être motivés par la volonté d’avoir plus d’impact.
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Quel message souhaiteriez-vous adresser aux entrepreneurs qui se lancent dans l’économie verte ?
Aujourd’hui, tout le monde est inquiet de la situation climatique sur la planète et beaucoup de personnes veulent agir. C’est pour ça que l’entrepreneuriat dans l’économie verte permet de combiner le sujet de l’entrepreneuriat avec un impact positif pour la planète.
Si nous prenons l’exemple de 900.care, nous avons réussi à éviter quatre millions de déchets plastique grâce à notre modèle, ce qui représente 1,5 million de kg de CO2 et 579 000 litres d'eau transportés1, et c’est le fruit du travail de toute l’équipe. A l’échelle individuelle, combien de jours auraient été nécessaires pour avoir le même impact ? Il est essentiel que des entrepreneurs se lancent en ayant conscience que c’est ainsi qu’ils peuvent changer les choses grâce à l’économie verte.
1 Un financement de 21 millions d’euros pour 900.care (infonet.fr)
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