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Inverser la tendance : cinq stratégies clés pour sauver nos océans

Les océans sont indispensables à la vie sur Terre : ils constituent 90% de la biosphère de la planète et recouvrent environ 71% de sa surface1. Ils nous nourrissent, nous procurent des médicaments essentiels et nous permettent de pratiquer de nombreuses activités culturelles et récréatives. Ils génèrent plus de la moitié de l’oxygène de la planète et jouent donc un rôle crucial dans la régulation du climat. Au-delà de leur importance environnementale, ils sont un puissant moteur de l’économie mondiale, créant des emplois, alimentant le développement et garantissant la sécurité alimentaire de millions de personnes à travers le monde2. En outre, ils permettent le transport d’environ 90% des marchandises au niveau mondial3 et abritent les câbles sous-marins par lesquels transitent 98% du trafic Internet international4.
Le terme « économie bleue » désigne généralement une économie durable fondée sur l’océan, qui soutient les activités économiques liées aux océans, aux mers et aux zones côtières, tout en préservant la santé des écosystèmes marins.
Au cours des cinq dernières décennies, les industries maritimes ont connu une expansion accélérée qui a porté la valeur de l’économie océanique à environ USD 24’000 milliards, selon le World Wildlife Fund5. Les Nations Unies estiment que l’océan génère environ USD 2’500 milliards par an, ce qui en fait la septième économie mondiale6 Les prévisions suggèrent que ce chiffre pourrait atteindre USD 3’000 milliards d’ici 2030, avec une croissance significative attendue dans des secteurs tels que l’énergie éolienne offshore, l’aquaculture marine et la transformation du poisson7.
Bâtir une « économie bleue » résiliente
Des données probantes incontestables montrent que la prospérité économique et écologique future de la planète dépend de la santé des océans. Et pourtant, ces derniers subissent d’énormes pressions du fait de la dégradation de l’environnement, de la surpêche, de la pollution, de la destruction des habitats et du changement climatique, dont les effets s’accélèrent. Et les menaces vont croissant.
Notre modèle opérationnel actuel privilégie les gains à court terme au détriment des pratiques durables, ne cesse d’altérer la santé des océans et crée des risques financiers significatifs. Si les tendances actuelles se maintiennent, le déclin de la santé des océans dû au changement climatique pourrait coûter à l’économie mondiale environ USD 430 milliards par an d’ici 20508. Il est donc impératif d’agir de toute urgence pour protéger nos océans, force vitale de la planète, et pour bâtir un avenir plus juste, équitable et durable pour tous. Une action audacieuse et coordonnée s’impose pour protéger les écosystèmes marins et valoriser le potentiel de nos océans afin d’instaurer une « économie bleue » plus durable.
Nous proposons cinq stratégies clés visant à protéger nos océans et leur capacité à fournir les services et la vie dont nous dépendons tous.
1. Renforcer la gouvernance des océans et les cadres réglementaires
2. Réensauvager les fonds marins
3. Lutter contre la pollution, notamment celle due au plastique
4. Opter pour des solutions végétales
5. Protéger les puits de carbone bleu
Renforcer la gouvernance des océans et les cadres réglementaires
La surpêche, le tourisme de masse et la pollution ont fortement nui à la santé de nos océans. Toutefois, la délimitation et le respect de zones marines protégées, ainsi que l’imposition de quotas de pêche fondés sur une évaluation scientifique, ont systématiquement permis de maintenir, voire accroître, les populations de poissons. En 2024, environ 8,5% des océans de la planète étaient désignés zones marines protégées. Cependant, seule une surface de 2,8% d’entre elles était jugée effectivement protégée. Cela signifie que la plupart de ces zones ne bénéficient pas de la gestion et de l’application des règles nécessaires pour véritablement préserver les écosystèmes marins. Ce manque de protection efficace des océans souligne combien il est urgent d’atteindre l’objectif « 30% d’ici 2030 » défini dans le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal9. Adopté lors de la COP15 des Nations Unies sur la Diversité Biologique en 2022, ce pacte mondial appelle les Etats à conserver au moins 30% des écosystèmes terrestres, d’eau douce et marins d’ici la fin de la décennie. Pour atteindre cet objectif, il sera nécessaire non seulement d’élargir les zones marines protégées mais aussi de garantir leur gestion, particulièrement au-delà des frontières nationales.
Les conventions adoptées en 2023, telles que l’Accord de l’Organisation mondiale du commerce sur les subventions à la pêche et l’Accord sur la haute mer, sont autant d’étapes importantes. Ces initiatives collaboratives sont essentielles pour combler les lacunes en matière de réglementation et d’application des règles, ainsi que pour aligner les incitations économiques sur les objectifs de durabilité à long terme.
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Réensauvager les fonds marins
Le réensauvagement, ou « jardinage sous-marin », consiste à restaurer les écosystèmes marins en réintroduisant des plantes et des formes de vie essentielles là où elles sont en déclin. Cela peut passer par la restauration d’habitats clés tels que les herbiers marins, les marais littoraux et les mangroves, afin de stimuler la biodiversité et de capter le carbone. Le réensauvagement sous-marin renforce la protection des côtes et soutient les pêcheries.
Le Japon, dont le littoral est l’un des plus longs au monde, a lancé des projets de restauration des herbes marines à grande échelle afin de restaurer les écosystèmes côtiers et d’œuvrer pour l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050 fixé par le pays. Le ministère japonais de l’Environnement estime que les herbes et les algues des fonds marins ont absorbé environ 350’000 tonnes de CO₂, ce qui illustre le potentiel du carbone bleu dans le cadre des efforts d’atténuation du changement climatique10.
En stimulant la biodiversité de nos océans et en protégeant leur santé grâce à ces initiatives de réensauvagement, nous ne nous contentons pas d’aider les pêcheries et de préserver la vie côtière. Nous renforçons également la capacité des océans à atténuer les impacts du changement climatique.
Lutter contre la pollution, notamment celle due au plastique
Les plastiques et autres polluants marins, l’acidification et l’élévation de la température des océans due au changement climatique ont des incidences négatives sur les populations et la biodiversité. Selon le Programme des Nations Unies pour l’environnement, entre 19 et 23 millions de tonnes de déchets plastiques sont déversées chaque année dans les écosystèmes aquatiques11. Cela met en péril non seulement la biodiversité marine, mais également les industries qui dépendent de la santé des océans, telles que la pêche et le tourisme. Des microplastiques ont été détectés dans diverses espèces marines, suscitant des inquiétudes quant à leurs effets sur la santé humaine et la sécurité alimentaire.
La réponse à ces défis requiert une approche multidimensionnelle consistant à réduire la production de matières plastiques, à améliorer les systèmes de gestion des déchets et à renforcer la coopération internationale. Or, bien que des efforts aient été déployés au niveau mondial, les progrès sont lents. Le Comité intergouvernemental de négociation prévoit de s’attaquer de plein front à ce problème, par le biais d’un traité international juridiquement contraignant visant à réduire la pollution plastique et à tenir compte de l’intégralité du cycle de vie des plastiques, depuis leur production jusqu’à leur élimination12.
Il est plus important que jamais que le secteur privé mène une action complémentaire à cet égard. L’organisation Plastic Bank, que Lombard Odier est fière de soutenir, est un exemple de solution innovante : elle permet aux plus démunis de récolter le plastique et de l’échanger contre d’autres biens essentiels. Le plastique recueilli est ensuite reconditionné et réintroduit dans la chaîne d’approvisionnement. Les innovations de ce type contribuent à une nouvelle façon de penser le plastique, et de nombreux acteurs du secteur travaillent désormais à la construction d’une nouvelle économie circulaire pour le plastique. Lombard Odier collabore également avec l’Alliance to End Plastic Waste, un réseau regroupant quelques-uns des plus grands acteurs de l’industrie mondiale du plastique, afin d’orienter les investissements sur l’ensemble de la chaîne de valeur concernée pour promouvoir des alternatives innovantes au plastique issu des combustibles fossiles, de nouveaux modes d’utilisation et l’amélioration de sa collecte, de son tri et de son recyclage. La stratégie Plastic Circularity de Lombard Odier vise à favoriser la transition mondiale vers une économie circulaire.
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Opter pour des solutions végétales
Réduire l’utilisation du plastique, réglementer la pêche et restaurer les habitats marins sont des solutions essentielles pour développer une économie océanique durable. Parallèlement, l’évolution des comportements alimentaires, notamment une diminution de la consommation de poisson et l’adoption d’alternatives végétales et d’élevage, pourrait fortement atténuer les pressions qui pèsent sur les écosystèmes marins et promouvoir des systèmes alimentaires durables.
Selon le rapport La Situation mondiale des pêches et de l’aquaculture 2024 de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, la demande mondiale de produits de la mer a conduit à une surexploitation des stocks halieutiques et plus de 34% des stocks mondiaux sont jugés être surexploités. Cette surpêche menace non seulement la biodiversité marine mais aussi les moyens de subsistance des communautés qui dépendent de la pêche.
Dans ce contexte, le marché des alternatives végétales aux produits de la mer est en plein essor. Par exemple, Good Catch a mis au point du thon végétal qui a le goût et la texture du thon véritable, offrant ainsi aux consommateurs une solution alternative durable. En 2024, l’industrie mondiale de l’alimentation végétale pesait environ USD 45 milliards13. Elle s’étend aujourd’hui au-delà des simples substituts de viande et englobe diverses alternatives aux produits de la mer, telles que les crevettes à base de plantes et les sushis végétaux. Les prévisions estiment que le marché aura plus que doublé d’ici 2030.
En réduisant la dépendance à la pêche traditionnelle et en assurant la promotion de sources alimentaires innovantes, nous pouvons contribuer à la santé des océans et renforcer la résilience du système alimentaire mondial. L’adoption de ces alternatives, d’une part, soutient les efforts de conservation marine et, d’autre part, s’inscrit dans la réalisation des objectifs généraux en matière de durabilité.
Protéger les puits de carbone bleu
La préservation des réserves de carbone marines, telles que les mangroves, les forêts de varech et les herbiers marins, est essentielle à la lutte contre le changement climatique. Ces écosystèmes côtiers et marins, souvent qualifiés de puits de « carbone bleu », absorbent des milliards de tonnes de CO₂ présent dans l’atmosphère et les stockent dans leur biomasse et leurs sédiments des siècles durant. Selon des études récentes, l’océan absorbe environ 10,6 milliards de tonnes de CO₂ par an, soit environ 26% des émissions anthropiques14. Cette capacité extraordinaire fait de l’océan l’un des puits de carbone les plus importants de la planète.
Au-delà de leurs avantages climatiques, ces puits de carbone naturels protègent également les côtes contre l’érosion, soutiennent une riche biodiversité et fournissent des ressources essentielles aux communautés locales. Leur préservation et leur restauration sont l’une des stratégies naturelles les plus efficaces pour réduire le CO₂ atmosphérique tout en améliorant la santé des océans.
Mais tout cela a un coût. Une plus grande absorption de CO₂ aggrave l’acidification des océans, un processus qui abaisse le pH de l’eau de mer, ce qui nuit à la vie marine et notamment aux organismes dont la structure squelettique dépend du carbonate de calcium. Les récifs coralliens sont particulièrement vulnérables : certaines prévisions estiment que, même si le réchauffement climatique est limité à 1,5 °C au-dessus des niveaux préindustriels, jusqu’à 90% des récifs coralliens pourraient disparaître15. Ce déclin menace non seulement la biodiversité marine mais aussi les moyens de subsistance des communautés qui dépendent des écosystèmes coralliens.
Pour atténuer cet impact, il est impératif de réduire les émissions de CO₂ et d’adopter des stratégies qui renforcent la résilience des écosystèmes marins. La protection et la restauration des puits de carbone naturels, tels que les mangroves et les herbiers marins, peuvent accroître la capacité de l’océan à piéger le carbone tout en préservant la biodiversité.
Protéger notre capital naturel
Ces cinq stratégies sont essentielles pour promouvoir une économie océanique plus saine. La Journée mondiale de l’océan nous rappelle que nos océans ne sont pas seulement une ressource, mais également le fondement de la vie, de la stabilité climatique et de la prospérité économique de la Terre. Il est temps de protéger notre capital naturel et de construire un avenir plus durable. Si nous n’agissons pas de toute urgence, de façon collaborative et pérenne, nous risquons de compromettre non seulement la biodiversité marine mais aussi la résilience économique et sociale à l’échelle mondiale. Gouvernements, investisseurs et consommateurs ont tous un rôle clé à jouer. Nous devons dès maintenant agir avec détermination. Chez Lombard Odier, nous sommes convaincus que l’investissement dans le changement systémique mondial nous orientera vers une économie « net-zéro », respectueuse de la nature, équitable sur le plan social et facilitée par les avancées digitales. En alignant la politique, la finance, l’innovation et les comportements, nous pourrons garantir la prospérité d’une « économie bleue » qui restaurera la santé des océans tout en favorisant la stabilité climatique et la croissance économique sur le long terme.
1 Biodiversity: figures; data; papers and scientific studies
2 https://www.oecd.org/en/publications/2025/03/the-ocean-economy-to-2050_e3f6a132.html
3 OECD (2025), The Ocean Economy to 2050, OECD Publishing, Paris, https://doi.org/10.1787/a9096fb1-en
4 OECD (2025), The Ocean Economy to 2050, OECD Publishing, Paris, https://doi.org/10.1787/a9096fb1-en
5 Ocean wealth valued at US$24 trillion, but sinking fast | WWF
6 Sustainable Blue Economy | UNEP - UN Environment Programme
7 https://docs.un.org/en/A/CONF.230/2025/4
8 https://www.reuters.com/sustainability/battling-climate-change-japan-looks-seagrass-carbon-capture-2024-04-25
9 https://www.unep.org/plastic-pollution
10 https://www.unep.org/inc-plastic-pollution
11 https://openknowledge.fao.org/items/06690fd0-d133-424c-9673-1849e414543d
12 https://www.statista.com/statistics/1280394/global-plant-based-food-market-value/
13 Plant-based food market value worldwide 2030| Statista
14 research.noaa.gov
15 99% of coral reefs could vanish if we don't act fast - study | World Economic Forum
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