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    Sept idées reçues sur les émissions de scope 3 que les entreprises ne peuvent plus ignorer pour calculer leur empreinte carbone

    Sept idées reçues sur les émissions de scope 3 que les entreprises ne peuvent plus ignorer pour calculer leur empreinte carbone

    Qu’est-ce que les émissions de scope 3 ? Et comment sont-elles calculées ? On parle beaucoup du besoin de réduire les émissions mondiales de carbone afin d’atteindre les objectifs de l’Accord de Paris et de nombreuses entreprises ambitionnent d’atteindre le « net-zéro » d’ici 2030. Pour ce faire, ces dernières doivent comprendre leurs émissions de carbone et en rendre compte. Mais comment le faire efficacement ? Existe-t-il une norme de référence ? Et qu’est-ce que cela signifie exactement ?

    Nous examinons ici sept idées reçues sur les émissions de scope 3 qui, selon nous, peuvent conduire les investisseurs à faire des erreurs de calcul importantes d’un point de vue financier.

     

    Définir les émissions de scope 3

    À ce jour, le Protocole des gaz à effet de serre (Protocole des GES) est la principale norme internationale en matière de déclaration des émissions de GES. Ce protocole divise les émissions en trois champ d’application ou « scopes », qui définissent les différentes étapes du cycle de vie d’un produit ou d’un service au cours desquelles des émissions sont générées.

    Les émissions de scope 1 comprennent toutes celles qui sont directement sous le contrôle d’une entreprise.

    Les émissions de scope 2 proviennent de l’électricité, du chauffage ou des systèmes de climatisation et refroidissement qu’une entreprise achète pour fonctionner.

    Les émissions de scope 3 comprennent les émissions liées à l’ensemble de la chaîne de valeur d’une entreprise. Ces émissions peuvent être divisées en deux grandes catégories, celles liées à la chaîne d’approvisionnement en amont de l’entreprise et celles liées au cycle de vie de ses produits et services en aval.

    En raison de leur relative complexité, les émissions de scope 3 suscitent encore une grande confusion. Mais comme les émissions de scope 3 représentent généralement la majeure partie de l’empreinte carbone de la plupart des entreprises, celles-ci sont essentielles pour comprendre les risques et les opportunités d’investissement liés au climat.

    Lire aussi : Comment une entreprise peut-elle réduire son empreinte carbone ?

    Nous examinons ici sept idées reçues sur les émissions de scope 3 qui pourraient amener les investisseurs à faire des erreurs importantes sur le plan financier.

    …les émissions de scope 3 représentent généralement la majeure partie de l’empreinte carbone totale d’une entreprise, elles sont essentielles pour comprendre les risques et les opportunités d’investissement liés au climat

    Idée reçue n°1 : les émissions de scope 3 sont moins importantes à analyser que celles de scope 1 et 2

    L’examen de l’empreinte des émissions de scope 1 et 2 d’une entreprise ne donne souvent qu’un aperçu partiel, voire totalement trompeur, de son positionnement climatique. Dans l’industrie automobile, par exemple, il est impossible de distinguer un constructeur de véhicules électriques d’un constructeur automobile traditionnel, ou de comprendre l’ampleur des risques liés à la transition si l’on ne tient pas compte des émissions de scope 3.

    …comme les émissions de scope 3 représentent généralement la majeure partie de l’empreinte carbone de la plupart des entreprises, celles-ci sont essentielles pour comprendre les risques et les opportunités d’investissement liés au climat

    Si certains secteurs spécifiques sont encore majoritairement caractérisés par des émissions de scope 1 et 2, ils représentent une part relativement faible de l’économie. Ainsi, pour la majeure partie du portefeuille d’un investisseur, les émissions de scope 3 seront généralement la plus grande source d’émissions. Elles sont donc cruciales pour évaluer l’importance de l’impact climatique.

     

    Idée reçue n°2 : les entreprises ne peuvent pas exercer un contrôle suffisant sur leurs émissions de scope 3

    De manière générale, une idée reçue tenace prête à penser que la plupart des entreprises ne peuvent pas exercer un contrôle important sur leurs émissions de scope 3. Premièrement, les entreprises peuvent s’engager directement dans leur chaîne d’approvisionnement pour encourager l’adoption de technologies et de processus plus efficients. Deuxièmement, les entreprises peuvent réduire directement leurs émissions de scope 3 en réorientant leurs modèles commerciaux vers des alternatives et des produits de substitution moins carbonés – tout en repensant des produits mieux adaptés à l’avenir.

    Bien sûr, il est possible que dans certains cas particuliers, une entreprise ne soit pas en mesure d’exercer une influence significative sur ses émissions en amont. Cependant, il est essentiel de comprendre l’exposition totale d’une entreprise aux émissions de carbone pour évaluer ses futures performances économiques et financières. Même dans les rares cas où une entreprise n’exerce qu’une influence limitée sur ses émissions de scope 3, son exposition peut encore engendrer des risques de transition considérables. Seule une entreprise ayant mis en place une stratégie de transition crédible sera bien positionnée pour passer à une économie « net-zéro ».

    …les entreprises peuvent s’engager directement dans leur chaîne d’approvisionnement pour encourager l’adoption de technologies et de processus plus efficients

    Idée reçue n°3 : la couverture des données est trop faible pour permettre une évaluation significative des émissions de scope 3

    S’il est vrai que la communication systématique et rigoureuse des émissions reste difficile à obtenir, on accorde peut-être trop d’importance aux émissions autodéclarées, du moins en ce qui concerne les émissions de scope 3. Les émissions de scope 3 de la chaîne d’approvisionnement sont souvent estimées par les entreprises à l’aide de modèles sectoriels qui indiquent, par exemple, la quantité d’acier ou de cuivre qui a pu entrer dans la fabrication du véhicule qu’elles ont acheté, ou le nombre de voyages d’affaires effectués par un fournisseur dans un secteur donné. Ces mêmes calculs peuvent souvent être effectués par des tiers, et souvent de manière plus systématique – ce qui garantit la cohérence des hypothèses utilisées.

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    Il en va de même pour les émissions de scope 3 en aval, liées à l’utilisation des produits. Pour un constructeur automobile, une telle analyse pourrait inclure le nombre de véhicules vendus et leur durée de vie moyenne, la distance parcourue et les émissions par kilomètre. Là encore, une tierce partie ayant une bonne connaissance des émissions à l’échappement des différents constructeurs peut souvent reproduire cette analyse, de manière à obtenir des résultats plus facilement comparables que ceux obtenus en se basant sur les différentes approches adoptées par les entreprises pour évaluer ces émissions. 

    Bien que ces approches ne conduisent qu’à des résultats approximatifs, nous pensons qu’il est préférable d’avoir approximativement raison que d’avoir entièrement tort – ce qui serait le cas si l’on ne prenait pas du tout en compte les émissions de scope 3.

    Idée reçue n°4 : la prise en compte des émissions de scope 3 entraîne beaucoup de double comptabilisation au sein des portefeuilles

    Une double comptabilisation peut se produire si, au sein d’un même portefeuille, plusieurs entreprises font partie de la même chaîne d’approvisionnement. Lorsqu’une société pétrolière et gazière vend du carburant à une société de transport routier, les deux sociétés déclareront les émissions liées à la combustion de ce carburant.

    La double, triple et quintuple comptabilisation sont fréquentes dans tous les secteurs économiques dans le cadre du Protocole des gaz à effet de serre (Protocole des GES) actuel. Toutefois, l’ampleur de ce problème est bien moindre dans la plupart des portefeuilles, car il est rare qu’un portefeuille comprenne l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement d’une entreprise. Si l’entreprise de transport mentionnée ci-dessus achète du carburant auprès de plusieurs fournisseurs, et non un seul, l’effet de la double comptabilisation sera considérablement réduit, à moins que chacun de ces fournisseurs ne soit également inclus dans le portefeuille. En théorie, les sociétés d’un portefeuille investi dans une portion représentative de 10% de l’économie ne devraient acheter que 10% de leurs intrants et vendre 10% de leurs extrants à des entreprises de ce même portefeuille, ce qui limite l’ampleur de la double comptabilisation interne. Pour les portefeuilles plus petits et plus concentrés, la double comptabilisation est encore plus rare.

     

    Idée reçue n°5 : la double comptabilisation du scope 3 est considérée comme indésirable et doit être réajustée

    Si l’ampleur de la double comptabilisation est généralement plus limitée au sein des portefeuilles, il est certain que ce phénomène se produit au niveau de l’économie dans son ensemble. Mais nous ne pensons pas que la double comptabilisation soit nécessairement indésirable, du point de vue de l’investisseur.

    L’exposition au carbone se répercute tout au long de la chaîne d’approvisionnement et affecte chaque entreprise de manière égale, même si la responsabilité de ces émissions est partagée. Dans l’exemple ci-dessus, si une taxe est imposée sur l’essence, cela affectera à la fois la société de transport routier ainsi que la société pétrolière et gazière.

    Ce n’est que lorsque nous reconnaissons toute l’ampleur de l’exposition d’une entreprise au carbone que nous pouvons évaluer ses risques liés à la transition climatique

    Ce n’est que lorsque nous reconnaissons l’ampleur de l’exposition d’une entreprise au carbone que nous pouvons évaluer ses risques liés à la transition. Décompter les émissions de chaque entreprise sous prétexte que la responsabilité est partagée reviendrait à sous-estimer l’impact financier réel du changement climatique.

     

    Idée reçue n°6 : en attendant que les données soient de meilleure qualité, il est préférable de retarder l’analyse des émissions de scope 3

    Nous pensons que retarder l’analyse des émissions de scope 3 serait une erreur. Souvent, la réticence à intégrer les émissions de scope 3 est due à une mauvaise compréhension de la manière dont celles-ci sont calculées, et à une difficulté à reconnaître qu’il est déjà possible d’estimer ces émissions de manière significative.

    De nombreuses entreprises n'auront bientôt plus le choix et devront déclarer leurs émissions de scope 3. À partir de 2025, les entreprises européennes, y compris celles basées en dehors du continent mais qui exercent des activités en Europe, seront tenues de le faire. Les États-Unis ont également envisagé d'obliger les entreprises cotées en bourse à déclarer leurs émissions de scope 3, mais aucune modification réglementaire n'a encore été apportée.

    Lire aussi : Être une entreprise durable signifie être une entreprise responsable

    En retardant l’intégration des émissions de scope 3, les investisseurs perdent de vue une partie importante de l’exposition de leur portefeuille aux risques liés au carbone. Se contenter d’évaluer quelles entreprises ont des émissions de scope 1 et 2 élevées peut fausser la compréhension, et ne permet pas d’identifier les entreprises exposées à des émissions de scope 3 dissimulées. Avec l’entrée en vigueur de l’obligation de déclarer les émissions de scope 3 dans certaines juridictions, cela entraînerait une rotation importante du portefeuille car de nombreuses entreprises qui semblaient auparavant intéressantes perdraient alors de leur attrait. Il faudrait alors potentiellement les sous-pondérer ou les vendre – ce qui, à ce stade, permettrait seulement de limiter les dégâts.

     

    Idée reçue n°7 : des émissions de scope 3 élevées excluent certaines entreprises d’un portefeuille aligné sur les objectifs climatiques

    Nous ne pensons pas que le simple fait de se défaire d’entreprises à fortes émissions soit la bonne approche. Des industries clés, telles que l’industrie automobile, l’industrie chimique et de nombreuses industries manufacturières, peuvent générer des émissions élevées aujourd’hui, mais resteront économiquement essentielles même dans un avenir à faibles émissions ou neutre en carbone. En bref, il est plus judicieux, d’un point de vue environnemental et financier, d’investir dans une entreprise d’un secteur à fortes émissions qui se décarbone rapidement, que d’investir dans une entreprise à faibles émissions de carbone qui va dans la mauvaise direction et aggrave le problème, même si elle part de plus bas.

    Le défi n’est pas d’identifier les entreprises ou les industries ayant de faibles émissions de carbone aujourd’hui, mais de déterminer quelles sont les entreprises au sein de chaque industrie… qui prennent des mesures adéquates pour se décarboner

    Le défi n’est donc pas d’identifier les entreprises ou les industries ayant de faibles émissions de carbone aujourd’hui, mais de déterminer quelles sont les entreprises au sein de chaque industrie – y compris les secteurs à fortes émissions et ayant un impact sur le climat – qui prennent des mesures adéquates pour se décarboner. Pour identifier ces entreprises, il faut adopter une approche plus prospective, en tenant compte du taux de décarbonation atteint par chaque entreprise, ainsi que de la crédibilité et de l’ambition des objectifs et des engagements qu’elles se sont fixés. Cette analyse requiert des capacités et des expertises spécialisées, qui nous semblent primordiales pour aider les investisseurs à se préparer à la transition à venir.

    Bon nombre de ces industries sont essentielles au bon fonctionnement de l’économie et le resteront dans un avenir plus sobre en carbone. Par conséquent, le défi n’est pas d’éviter d’investir dans ces industries, mais de veiller à ce que ces investissements contribuent à leur rapide décarbonation. En outre, une telle approche présente des avantages en matière d’investissement, car l’alignement sur une économie faible en carbone ouvre de nouvelles opportunités commerciales et permet de gagner des parts de marché.

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