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    Revivifier les zones mortes

    Revivifier les zones mortes

    A la fin du XIXe siècle, le Chili avait un littoral de plus de 350 kilomètres recouvert d’excréments d’oiseaux jusqu’à une profondeur d’environ 1,5 mètre.1 Ce phénomène n’était pas un hasard, loin de là. A cette époque, la fertilisation des cultures était tributaire de l’accumulation de déjections aviaires riches en azote.

    C’est alors que Fritz Haber, un chimiste allemand, entra en scène avec une obscure mission : soulager le monde de sa dépendance aux excréments d’oiseaux. En 1909, il parvint à synthétiser l’ammoniac de façon fiable et à capter l’azote sous forme liquide pour le répandre ensuite sur les cultures. Le système a ensuite été amélioré et mis en œuvre à l’échelle industrielle par Carl Bosch. C’est ainsi que le procédé Haber-Bosch a vu le jour. De toute évidence, sans ce procédé et la production de nourriture supplémentaire qu’il a rendu possible, l’explosion démographique qui a fait passer la population mondiale de 1,6 milliard d’individus en 1900 à 7,7 milliards aujourd’hui, n’aurait pas pu avoir lieu.

    Si le nouveau système a bel et bien permis une explosion de la vie humaine sur terre, son impact a été totalement différent sous l’eau.


    Les zones mortes

    Une zone morte est une aire marine dont les faibles niveaux d’oxygène menacent la capacité de survie, des conditions qui peuvent au final conduire à des extinctions massives. Si les zones mortes sont un phénomène qui peut survenir naturellement, les scientifiques ont observé un quadruplement de leur nombre à l’échelle planétaire depuis les années 1950. Dans les eaux côtières, plus de 500 zones mortes ont été identifiées, soit dix fois plus2.

    Une zone morte est une aire marine dont les faibles niveaux d’oxygène menacent la capacité de survie, des conditions qui peuvent au final conduire à des extinctions massives.

    Outre leurs effets dévastateurs sur l’environnement, les zones mortes peuvent lourdement impacter les économies côtières, en particulier celles des pays en développement, qui sont les plus susceptibles de dépendre de l’océan pour leur nourriture et leurs emplois. En temps normal, quand les pêcheurs sortent des filets vides, ils vont simplement retenter leur chance ailleurs. Mais dans une zone morte qui s’étend sur plus de 20’000 mètres carrés, soit plus ou moins la superficie du New Jersey, à l’instar de celle du golfe du Mexique, la recherche d’eaux poissonneuses finit rapidement par rogner les profits3.
     

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    Mais dans une zone morte qui s’étend sur plus de 20’000 mètres carrés, soit plus ou moins la superficie du New Jersey, à l’instar de celle du golfe du Mexique, la recherche d’eaux poissonneuses finit rapidement par rogner les profits.

    Résoudre ce problème est un enjeu majeur du développement durable de nos jours. Les investisseurs peuvent jouer un rôle essentiel pour promouvoir les solutions dont nous avons besoin.

    Pourquoi ces zones mortes ?

    En haute mer, les zones mortes sont essentiellement le fait du changement climatique, une eau plus chaude retenant moins d’oxygène. Résoudre ce problème en dehors des eaux côtières dépend donc indirectement des efforts que nous consentons pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.

    Quant aux zones mortes des eaux côtières, elles sont directement et essentiellement la conséquence des engrais azotés produits, tels que celui du procédé Haber-Bosch. L’excès d’engrais se fraie souvent un chemin dans les rivières et finit par être déversé dans les océans autour des affluents, où il se nourrit d’algues bleues.

    Résoudre ce problème en dehors des eaux côtières dépend indirectement des efforts que nous consentons pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.

    Les cyanobactéries s’accumulent, meurent et, en se décomposant, consomment l’oxygène de l’eau environnante pour créer une zone morte. Cette situation est ironique quand on sait l’impact que l’innovation a sur la vie humaine.

    Et le problème ne fait que s’aggraver. Au cours des vingt dernières années, les objectifs ambitieux fixés par des pays comme les Etats-Unis pour la production de biocarburants à base d’éthanol, que l’administration Trump n’a fait qu’augmenter4, ont incité les agriculteurs à cultiver davantage de maïs, dont l’éthanol est dérivé. Malheureusement, le maïs pose problème en ce qui concerne le ruissellement de l’azote. Ses racines sont peu profondes par rapport à de nombreuses autres cultures, si bien qu’elles ne peuvent absorber l’azote qu’environ 60 jours par an. En outre, les gaz à effet de serre émis par l’engrais nécessaire à la production de biocarburants sont comparables à ceux émis par la combustion d’une quantité équivalente de pétrole.5
     

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    Que peuvent faire les investisseurs ?

    La demande de biocarburants étant appelée à se maintenir, les investisseurs peuvent aider à esquiver le problème en soutenant les biocarburants de la prochaine génération. Ainsi, la société Mascoma basée dans le New Hampshire s’efforce d’industrialiser un procédé de production d’éthanol cellulosique, dérivé du bois ou de graminées ligneuses, qui nécessitent beaucoup moins d’engrais que le maïs.

    La demande de biocarburants étant appelée à se maintenir, les investisseurs peuvent aider à esquiver le problème en soutenant les biocarburants de la prochaine génération.

    Plus généralement, les investisseurs responsables peuvent inciter les entreprises agricoles à utiliser les engrais de manière plus durable – en cultivant avec moins d’engrais et en gérant soigneusement leur utilisation.

    L’élevage est également une source directe de pollution azotée : le fumier. Cet engrais naturel peut se répandre dans les cours d’eau s’il n’est pas géré de façon responsable, [1]et les investisseurs ont le pouvoir d’aider à responsabiliser davantage les producteurs de viande.

    Les investisseurs ont le pouvoir d’aider à responsabiliser davantage les producteurs de viande.

    Le secteur de l’élevage génère avant tout une demande massive d’aliments fourragers, qui sont cultivés avec des engrais. Si les animaux auront toujours besoin de se nourrir, nous n’aurons peut-être pas toujours besoin de manger de la viande animale. La viande in vitro – de la vraie viande cultivée durablement à partir de cellules souches sans l’animal – offre la perspective d’un monde où l’élevage industriel est nettement moins important. Investir dans des entreprises de viande « propre » telles que Memphis Meats ne peut qu’aider à accélérer une telle évolution.

    La viande in vitro – de la vraie viande cultivée durablement à partir de cellules souches sans l’animal offre la perspective d’un monde où l’élevage industriel est nettement moins important.

    Investir dans la revivification

    En 1991, la plus grande zone morte du monde se trouvait dans la mer Noire[2]. Pourtant, en 2001, elle avait quasiment disparu. La cause ? Après l’effondrement de l’Union soviétique, les engrais sont tout simplement devenus trop chers à utiliser dans la région.

    En l’espace d’une décennie à peine, les zones mortes ont été réoxygénées et la pêche est redevenue un élément clé de l’économie régionale. Même si la revivification de la zone morte de la mer Noire n’était pas calculée, elle n’en demeure pas moins une puissante démonstration de la capacité de l’océan à se rétablir, si on lui en donne la possibilité.

    En soutenant les entreprises engagées dans l’agriculture responsable et les innovations qui réduisent l’utilisation d’engrais, les investisseurs peuvent aider à redonner vie aux zones mortes.

    En soutenant les entreprises engagées dans l’agriculture responsable et les innovations qui réduisent l’utilisation d’engrais, les investisseurs peuvent aider à redonner vie aux zones mortes. Agir sans attendre n’offre pas seulement d’importantes possibilités d’investissement. Cela permet également d’accélérer le rétablissement de nos océans.
     

    1 ScienceHeroes.com (n.d.) « Fritz Haber ». Disponible ici.
    2 Breitburg et al. (2018) Declining oxygen in the global ocean and coastal waters, Science, vol. 359, n° 6371. Disponible ici
    3 Rabalais, N. (2017) The “dead zone" of the Gulf of Mexico. Disponible ici
    4 Tabuchi, H. (2017) Score One for Corn: In Battle Over Biofuel, a Rare Setback for Big Oil. Disponible ici
    5 Simpson, S. (2009) Nitrogen Fertilizer: Agricultural Breakthrough—and Environmental Bane. Disponible ici
    6 Garling, G. (2015) What’s the role of factory farming in ocean degradation? Disponible ici
    7 Mee, L. (2006) Reviving Dead Zones. Disponible ici

     

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