perspectives d’investissement

    Dix thèmes d’investissement pour 2019

    Dix thèmes d’investissement pour 2019
    Stéphane Monier - Chief Investment Officer<br/> Lombard Odier Private Bank

    Stéphane Monier

    Chief Investment Officer
    Lombard Odier Private Bank

    Alors que l’année 2018 touche à sa fin, nous vous présentons dix thèmes d’investissement qui devraient, selon nous, marquer 2019. Bien que le dollar américain (USD) semble avoir atteint un pic, les valorisations des actions restent prometteuses, malgré une volatilité inévitable, et le risque d'une récession américaine ne se profile toujours pas à l'horizon. Nous restons donc convaincus qu’un investisseur prudent peut tirer parti d’un environnement qui, globalement, reste relativement favorable.

    2018 a connu sa part de drames. La Turquie et l'Argentine ont traversé des crises monétaires tandis que les marchés pétroliers ont été volatils. Sur le plan politique, les promesses électorales du nouveau gouvernement italien l'ont mis en délicatesse avec la Commission européenne, les élections de mi-mandat aux États-Unis comme les élections présidentielles au Mexique et au Brésil ont modifié l'équilibre des pouvoirs, et Angela Merkel a commencé à préparer son départ tandis que les « gilets jaunes » manifestaient dans les rues françaises.

    En outre, les marchés se sont montrés nerveux, avec les investisseurs à la recherche de signes annonciateurs de la fin du marché haussier, et avaient fortement chuté en début d'année avant d'atteindre de nouveaux plus hauts, eux-mêmes suivis de brusques corrections en octobre et en novembre. Au cours de cette évolution, les valeurs technologiques ont souffert et les investisseurs, demeurés sceptiques, ont scruté les bénéfices des sociétés. Une grande incertitude continue à planer à l’aube de 2019, en raison de l’état des relations américano-chinoises et de leurs implications globales, et du chaos dans lequel le Royaume-Uni s’est plongé en optant pour le Brexit.

    À l’issue d’une année complexe, nous profitons de ces lignes pour vous présenter nos vœux de bonne santé, de joie et de prospérité pour 2019.

    1. Une volatilité appelée à durer

    Les actifs risqués étant désormais plus sensibles aux facteurs macroéconomiques, et l'incertitude politique jouant un rôle croissant, la volatilité des marchés financiers est appelée à durer. Néanmoins, certains facteurs nous incitent à faire preuve d’un optimisme prudent : la nouvelle année débutera avec des valorisations plus favorables et des fondamentaux toujours sains.

    2. Liquidité et trésorerie

    Nous avons réduit les niveaux de risque de nos portefeuilles depuis juin, en maintenant une surpondération en trésorerie. La liquidité des actifs nous aide ainsi à ajuster l'exposition aux actifs risqués dans un contexte caractérisé par la montée de l’incertitude, tandis que des liquidités plus élevées nous permettent de saisir des opportunités tactiques sélectives à mesure qu'elles se présentent.

    3. Actions vs obligations

    Nous continuons de privilégier les actions au détriment des segments obligataires à bêta élevé, qui sont plus sensibles au niveau des taux d’intérêt, et qui sont susceptibles de souffrir d’illiquidité. Les fondamentaux des actions restent solides et les marchés de la zone euro, du Japon et des pays émergents semblent toujours bon marché. Nous maintenons notre sous-pondération du crédit et ne détenons pas d’obligations à haut rendement. En l'absence de récession, nous pensons que les actions sont moins menacées, leurs valorisations s’étant ajustées au niveau actuel des taux tandis que la rentabilité des entreprises ne devrait pas être entamée tant que les taux réels resteront en deçà de la croissance potentielle.

    Les fondamentaux des actions restent solides et les marchés de la zone euro, du Japon et des pays émergents semblent toujours bon marché.

    4. Secteur technologique et secteur bancaire

    Si les bénéfices des entreprises aux États-Unis ont peut-être atteint un pic, nous prévoyons qu’ils croîtront conformément à leur moyenne à long terme, sur la base d’une croissance stable des ventes, d’une forte activité de rachat d'actions et d’un impact limité de la baisse des marges. En phase avec cette idée, le consensus du marché n’a pas évolué de manière significative à la suite des récentes corrections.

    Les banques américaines ont mieux performé que leurs homologues européennes, mais la sélectivité et des bilans en excellent état demeurent des considérations essentielles à l'approche de la fin du cycle. Aux États-Unis, le secteur a pris du retard ; toutefois, si le marché se renforçait, les investisseurs pourraient s'attendre à un rattrapage au niveau des performances. Sur les marchés européens, des signes positifs se manifestent pour les banques italiennes, avec un troisième tour potentiel d'opérations ciblées de refinancement à plus long terme ; les valorisations restent par ailleurs bon marché.

    Malgré des bénéfices solides, les valorisations du secteur technologique ont fortement chuté, et ce de manière spectaculaire pour les semi-conducteurs. Nous pensons que les récents avertissements sur les résultats en provenance de la chaîne d’approvisionnement d’Apple créent des points d’entrée intéressants dans un marché désormais beaucoup moins saturé, et que les investisseurs vont revenir vers ce secteur offrant à la fois de la croissance et des caractéristiques défensives.

    5. Actifs émergents

    Les marchés émergents ont souffert en 2018 sur l’ensemble des classes d'actifs. Les marchés anticipent par ailleurs une croissance négative. Pourtant, ces économies présentent des balances courantes globalement solides, des réserves de change suffisantes et des cycles économiques encore précoces. En outre, les mesures de relance budgétaire en Chine, le pic atteint par l’USD et la trêve commerciale temporaire conclue entre les États-Unis et la Chine devraient tous contribuer à renforcer la confiance des investisseurs à l’avenir.

    6. Pic des taux réels en 2019

    Dans ce contexte de forte volatilité, nous nous concentrerons de plus en plus sur la protection des portefeuilles à l’aube de 2019. À mesure que le cycle de resserrement de la Réserve fédérale progresse, nous nous rapprochons d’un pic des taux réels. Nous prévoyons toujours des rendements relativement faibles pour les obligations, mais commençons à réduire de manière opportuniste notre sous-pondération établie de longue date des obligations souveraines, tout en conservant une duration courte, pour le moment (voir graphique 1).

    7. Devises – Faiblesse de l’USD

    Nous anticipons une dépréciation générale de l’USD en 2019 en raison de l’effet décroissant de la politique budgétaire expansionniste des États-Unis mise en œuvre en 2018, puis d’un ralentissement de la croissance économique américaine. Ce qui laissera les États-Unis aux prises avec un important problème de double déficit (voir graphique 2). L'écart des taux d'intérêt entre les États-Unis et le reste du monde, dont les niveaux actuels restent sans précédent et insoutenables, se réduira également à mesure que les anticipations de politique monétaire  des autres banques centrales évoluent.

    8. À la recherche de devises refuge

    Compte tenu de l’absence du refuge qu’offrent traditionnellement les obligations d’État, nous avons recherché des stratégies de diversification et de couverture dans d’autres classes d’actifs, notamment pour nos portefeuilles européens. Ainsi, en ce qui concerne les devises, nous avons privilégié les stratégies de couverture, en achetant du yen japonais (JPY), d'abord contre de l’euro (EUR) puis contre de l’USD, afin de nous protéger de la volatilité. L'année prochaine, nous anticipons une stabilisation des devises émergentes après les ventes massives survenues en 2018 et marquons une préférence pour les pays affichant un solde extérieur solide, des réformes en cours et une faible dépendance à l’USD.

    9. Position longue sur la livre sterling dans la perspective d’un deuxième référendum sur le Brexit

    Au moment où nous écrivons ces lignes, la livre sterling (GBP) était proche de son plus bas niveau depuis 20 mois. Nous pensons que le Royaume-Uni évitera un Brexit dur ou « sans accord », car soit la Première ministre Theresa May finira par obtenir un vote du Parlement britannique en faveur d’un accord de retrait de l’UE, soit le Royaume-Uni mettra fin unilatéralement à la procédure du Brexit, peut-être après un deuxième référendum. Ces deux scénarios s’avéreraient positifs pour la GBP.

    10. Diversification grâce aux matières premières

    Une exposition diversifiée aux matières premières reste opportune dans cet environnement de fin de cycle. Les prix actuels ne reflètent pas l’équilibre serré entre l’offre et la demande, avec un potentiel de hausse pour le pétrole comme pour les métaux de base. Toute escalade dans le conflit commercial opposant les États-Unis à la Chine ou un accroissement des tensions au Moyen-Orient provoqueraient une hausse de l’or et / ou du pétrole, tandis qu'une issue à la guerre commerciale générerait une surperformance des métaux de base.

    Toute escalade dans le conflit commercial opposant les États-Unis à la Chine ou un accroissement des tensions au Moyen-Orient provoqueraient une hausse de l’or et / ou du pétrole, tandis qu'une issue à la guerre commerciale générerait une surperformance des métaux de base.

     

    Dates à retenir en 2019

    • 21 janvier : Date butoir pour l’établissement par le Royaume-Uni d’un processus de Brexit « sans accord »
    • 22-25 janvier : Réunion annuelle du Forum économique mondial à Davos, en Suisse
    • 29 mars à 23h00 UTC : Retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE)
    • avril / mai : Élections législatives en Inde
    • 23-26 mai : Élections législatives européennes
    • 28-29 juin : Réunion du G20 au Japon
    • 25-27 août : Réunion du G7 en France
    • 27 octobre : Élections législatives en Argentine
    • 31 octobre : Fin des mandats du président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, et du président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker

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