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    Les défis sur la soutenabilité et les investissements alternatifs pour naviguer dans la transformation économique - entretien avec Hubert Keller

    Les défis sur la soutenabilité et les investissements alternatifs pour naviguer dans la transformation économique - entretien avec Hubert Keller

    Article publié dans PWM par Yuri Bender, 10 octobre 2022

    Hubert Keller, Associé-gérant Senior de Lombard Odier, est déterminé à augmenter l’exposition aux marchés privés et aux hedge funds, tout en apportant une dimension soutenable à la gamme de produits.

    S’il ne fallait retenir qu’un seul concept dans toute l’approche actuelle de Lombard Odier sur la banque privée et la réflexion sur sa marque, ce serait la soutenabilité.

    « Pour nous, la soutenabilité est une conviction d’investissement fondamentale depuis longtemps déjà. C’est pourquoi notre stratégie d’investissement nous a amenés à observer cet espace et à nous y plonger en profondeur », confirme Hubert Keller, Associé-gérant Senior du Groupe Lombard Odier, sur le point de succéder à Patrick Odier, figure majeure du secteur en Suisse, qui prendra sa retraite à la fin de l’année après 14 ans passés comme Associé-gérant Senior.

    « La transition vers la soutenabilité constitue la plus grande révolution économique de notre époque et elle se fera au rythme de l’ère numérique. Elle nous offre un terrain propice aux opportunités d’investissement, mais représente également un environnement potentiellement risqué », explique M. Keller, lorsqu’il aborde les progrès accomplis au cours de la période depuis la crise financière de 2008, la pandémie de Covid en 2020 et l’invasion russe de l’Ukraine en 2022.

    La transition vers la soutenabilité constitue la plus grande révolution économique de notre époque et elle se fera au rythme de l’ère numérique

    Pour M. Keller, ainsi que pour les autres associés de la société, la difficulté est en effet de faire totalement coïncider la proposition d’investissement avec la « profonde transformation de l’économie ». Lombard Odier a identifié cette opportunité depuis quelques années déjà et a noué des relations avec Generation Investment Management. Fondée en 2004 par l’ancien vice-président américain Al Gore et par David Blood, précédemment à la tête des investissements chez Goldman Sachs, cette société est consacrée au domaine alors émergent des actions durables mondiales.


    Le juste prix

    L’invasion russe de l’Ukraine, les ravages infligés à l’environnement par les forces du président Poutine et la perte de crédibilité de Moscou en tant que fournisseur d’énergie sont autant de preuves qui viennent soutenir l’engagement de la banque genevoise en faveur de l’investissement soutenable.

    Keller et ses associés ont non seulement derrière eux de solides valeurs à défendre pour « refuser catégoriquement de faire affaire avec toute personne liée à ce régime », mais les événements confirment également que la principale force qui pousse la transformation économique est celle des coûts, plus que les politiques gouvernementales et le comportement des consommateurs.

    « Une énergie plus propre est une solution moins chère et meilleure, et elle coûte chaque année de moins en moins cher », affirme M. Keller. « Si on analyse la crise en Ukraine, il apparaît évident qu’un système énergétique fondé sur des combustibles fossiles n’a aucun sens, en particulier en provenance d’un Etat voyou. »

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    La réalité est toutefois encore plus brutale, selon lui : pourquoi compter sur des sources d’énergie sujettes à des chocs sur les chaînes d’approvisionnement et à une forte volatilité des prix alors que les énergies renouvelables sont meilleur marché et plus fiables ? « La crise ukrainienne souligne simplement la nécessité de mener une transition innovante vers des systèmes énergétiques plus efficaces et fiables », explique-t-il.

    A présent, toute la difficulté sera d’intégrer des éléments de soutenabilité à l’intégralité de la gamme des produits proposée par Lombard Odier. Jusqu’à maintenant, le groupe a réussi à mettre en place un ensemble de produits institutionnels, sous la responsabilité de Jean-Louis Nakamura à Hong Kong, et à les intégrer également dans des portefeuilles de patrimoine privé.

    A fin décembre 2021, les actifs de la clientèle gérés par la société s’élevaient à environ USD 393 milliards, soit une hausse de 13% au cours des 12 mois précédents. « En Asie, par exemple, Jean-Louis Nakamura a aidé à faire connaître notre gestion de portefeuilles multi-actifs, ce qui a été une formidable réussite pour nous », explique M. Keller. « La suite de l’aventure passera par les investissements alternatifs, aussi bien à travers les marchés privés que les hedge funds. »
     

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    « Nous pensons qu’il y aura un certain nombre d’opportunités intéressantes au cours des prochaines années sur les marchés privés et nous percevons un fort intérêt des clients pour cette classe d’actifs », affirme-il. Non seulement son équipe d’investissement conçoit-elle des produits pour les principales stratégies consacrées au private equity, au capital-risque, à l’immobilier et aux infrastructures, mais la banque commercialise également des fonds de dette privée, une gamme de produits rarement disponible, en dépit de sa popularité chez les sélectionneurs de fonds.

    D’autre part, les hedge funds sont aujourd’hui beaucoup plus spécifiques qu’à leur apogée d’avant 2008, quand ils intégraient de larges éventails de stratégies souvent obscures et opaques. Aujourd’hui, le mot d’ordre pour M. Keller est « convexité » et il met l’accent sur des stratégies de hedge fund « capables de constituer un amortisseur solide et intéressant au cas où le marché connaîtrait une véritable dislocation. »

    Il est tout-à-fait conscient du fait que la clientèle privée suisse a bonne mémoire et il reconnaît que l’appétit actuel pour le private equity ressemble à la ruée vers les hedge funds, qui avait fini par virer à la débandade lors de la crise financière mondiale.

    « En effet, de nombreux investisseurs avaient investi dans la classe d’actifs alternatifs au travers de fonds de hedge funds », se souvient-il. « Cette couche supplémentaire avait ajouté de l’opacité, un manque de transparence et limitait la compréhension de ce qu’il se passait dans les portefeuilles sous-jacents. »

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    Chez Lombard Odier, la transparence est probablement appréciée comme jamais auparavant. « Le principal problème sur lequel je me concentre pleinement chez Lombard Odier, avance M. Keller, est de m’assurer que, pour tout type de sélection de fonds ou d’architecture ouverte dans lequel nous nous lançons, nous pouvons compter sur une compréhension et une visibilité correctes du portefeuille sous-jacent. C’est pourquoi nous avons décidé de passer aux stratégies directes. »

    La banque gère donc maintenant ses propres hedge funds, pour bénéficier d’une exposition directe aux actifs, au lieu de sélectionner des fonds de placement externes et d’ajouter une couche supplémentaire d’opacité, explique-t-il.

    Par crainte d’un effondrement comparable des actifs de private equity, la banque suisse a décidé de travailler uniquement avec un nombre réduit de sociétés du secteur, appelées General Partners (GP).

    « En tant que société, nous mettons tout particulièrement l’accent sur l’établissement d’un petit nombre de relations de très bonne qualité avec des GP, ce qui nous donne une visibilité directe sur leur portefeuille pour co-investir efficacement à leurs côtés », se félicite M. Keller. « En fin de compte, l’important, c’est de comprendre l’investissement final et d’avoir de la transparence. C’est cette voie que nous avons choisie. »

    C’est cette approche des investissements qui sauve la gestion privée suisse, jusqu’alors considérée comme un mécanisme permettant à de l’argent caché d’éviter d’être imposé dans différentes juridictions, admet-il. « Honnêtement, lorsque la Suisse a cessé de s’occuper de clients internationaux ne respectant pas leurs obligations fiscales, tout le monde a pensé que le marché financier suisse allait en souffrir », raconte-t-il. « En fait, il s’est renforcé et notre part de marché dans le patrimoine international a augmenté de façon constante pendant toute cette période de transformation. »

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    Et ça continue

    Plutôt que de se lancer sur une nouvelle voie sous son mandat, M. Keller affirme que la banque poursuivra la même stratégie que celle approuvée et validée par l’Associé-gérant Senior précédent, M. Odier.

    « Le rôle de l’associé senior consiste à orchestrer et à coordonner les discussions afin que nous trouvions un consensus sur les décisions importantes à prendre », décrit-il avec une certaine humilité. « Sincèrement, nous serons toujours en mesure d’affirmer que les changements d’associé-gérant senior ne modifient pas le cours normal des choses. Nous appliquons toujours une stratégie à long terme [quinquennale], fruit de débats et de discussions intenses entre les partenaires, et la stratégie actuelle n’a commencé qu’il y a un an. Les marchés peuvent nous imposer quelques ajustements, mais notre stratégie est très claire et nous maintenons le cap. »

    Aujourd’hui, la direction prise par la société est celle de la croissance interne, du renforcement de l’activité institutionnelle et de la transformation de l’infrastructure technologique de Lombard Odier pour rendre sa plateforme encore plus attractive pour les banques privées tierces souhaitant louer ses infrastructures.

    Dans les trois à cinq années à venir, nous aurons remanié en profondeur notre offre d’investissement dans le domaine de la banque privée afin de garantir que nos clients soient en mesure de bénéficier de cette profonde transformation économique

    Sa philosophie d’investissement s’appuie toujours sur les marchés privés et les actifs soutenables, dont la marque Lombard Odier est maintenant la représentante. « Nous sommes une société d’investissement disposant d’une vision claire sur la manière dont la transition énergétique va se dérouler », souligne M. Keller. « Nous voulons nous assurer que dans les trois à cinq années à venir, nous aurons remanié en profondeur notre offre d’investissement dans le domaine de la banque privée afin de garantir que nos clients soient en mesure de bénéficier de cette profonde transformation économique. »

    Jusqu’à présent, le personnel de Lombard Odier s’est montré fidèle à la vision de M. Keller. Et pas seulement parce qu’il a orchestré toute la transformation du moteur des investissements, tout en jouant publiquement les seconds rôles auprès de M. Odier. Ce dernier occupait également des fonctions très en vue à la présidence de l’Association suisse des banquiers et représentait les banques de Genève et Zurich sur la scène internationale.

    Aujourd’hui, deux choses passionnent Hubert Keller et le poussent : assurer le succès à la fois des investissements alternatifs et de la soutenabilité

    Ceux qui connaissent bien M. Keller affirment que le dévouement dont il fait preuve pour l’investissement et la gestion d’une société à l’ère du changement climatique est parfaitement authentique alors qu’on croise actuellement un trop grand nombre d’imposteurs. « Quand j’ai rencontré Hubert pour la première fois, il y a 15 ans, il était passionné par les investissements alternatifs », raconte un gestionnaire d’investissement qui le connaît bien. « Aujourd’hui, deux choses le passionnent et le poussent : assurer le succès à la fois des investissements alternatifs et de la soutenabilité. »

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