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    Notre point de vue sur la première année au pouvoir d’Emmanuel Macron

    Notre point de vue sur la première année au pouvoir d’Emmanuel Macron
    Stéphane Monier - Chief Investment Officer<br/> Lombard Odier Private Bank

    Stéphane Monier

    Chief Investment Officer
    Lombard Odier Private Bank

    Un an après son élection à la présidence de la République, Emmanuel Macron compte plusieurs changements à son actif, dont des réformes du marché du travail, de l'enseignement et de la formation professionnelle, un bras de force avec les syndicats du secteur ferroviaire, une remise en cause des retraites des fonctionnaires, une réduction de la dette publique et une refonte de l'impôt sur la fortune. Tout cela dans le cadre d’une économie en expansion, elle-même soutenue par la croissance de la zone euro, le commerce mondial et les faibles taux d'emprunt dont bénéficient les consommateurs comme les entreprises.

    Il reste cependant encore beaucoup à faire pour redresser l'économie française. Le président Macron voudrait en même temps persuader ses homologues européens de soutenir une Union européenne plus fédérale et plus sûre d’elle-même. Actuellement, il semble pratiquement le seul parmi ses pairs à porter une vision pour le bloc européen. Pour réussir au niveau de l'UE, Emmanuel Macron, qui s’est auto-proclamé « business-friendly », doit aller plus loin en France, en réduisant le chômage et en encourageant une expansion continue de l'investissement des entreprises ainsi qu’une réduction du fardeau fiscal.

    Il y a de bonnes raisons de se dépêcher. Certaines des améliorations dont bénéficie l'économie française sont sans doute le résultat des réformes du marché du travail menées alors qu’Emmanuel Macron était encore le ministre de l'Économie du président François Hollande. Le gouvernement Macron, qui dispose d’un mandat de cinq ans, a averti que les réformes ne devraient pas être perceptibles dans la croissance française, dans l'investissement des entreprises ou dans les taux de chômage avant la fin de cette année ou la mi-2019. En Allemagne, par exemple, au début des années 2000, un processus de réforme similaire n’avait pas modifié les données économiques avant deux ou trois ans.

    Il y a aussi des attentes extérieures. Le Fonds monétaire international a souligné en septembre la nécessité pour la France de réduire ses dépenses publiques, qui représentaient 56,5% de son PIB en 2017, soit le pourcentage le plus élevé de l'UE en la matière, bien au-dessus de la moyenne européenne située à 45,8%. Le gouvernement a indiqué qu'il entendait porter ce chiffre à environ 50%.

    Le mois dernier, le déficit budgétaire de la France est tombé à 2,6% de son PIB, soit moins que l'objectif plafond de 3% fixé par l'UE, et ce pour la première fois depuis 2007, ajoutant ainsi du crédit à un président europhile. Le gouvernement ambitionne maintenant d’atteindre un déficit de 2,3% sur l'année entière.

    Le gouvernement d’Emmanuel Macron a également réformé l'impôt sur la fortune (ISF), dans une tentative de ralentir l’exil des riches ressortissants français qui dure depuis trois décennies. La réforme maintient en place une taxe foncière - puisque les biens immobiliers ne peuvent pas quitter le pays - et introduit un taux de prélèvement forfaitaire de 30% sur les intérêts, les plus-values et les dividendes.


    Avions, trains et universités

    La décision d’Emmanuel Macron de s’attaquer aux problèmes du réseau ferroviaire national, fortement endetté, l'a conduit à entrer en conflit avec les syndicats. Bien que cette situation se produise à l’occasion du 50e anniversaire de la révolte populaire de mai 1968, qui s’était notamment distinguée par ses émeutes estudiantines, aucune opposition cohérente au sein des partis politiques traditionnels ne s'est matérialisée, y compris parmi ceux de l'extrême droite et de la gauche. Pas plus qu’un mouvement de coordination n’est apparu à l’instigation des syndicats français. La grève par roulement imposée par les cheminots et le conflit salarial à Air France sont de moins en moins soutenus par l’opinion publique. Même parmi les étudiants, le soutien aux manifestations relatives à l'accès à l'enseignement universitaire semble de plus en plus marginal.


    Montrer l’exemple

    Il s’agit là d’un objectif clé pour le gouvernement Macron alors que le président cherche à persuader l'Allemagne de soutenir ses propositions pour un ministère des finances de l'UE, un budget commun de la zone euro et une politique économique élaborée à l'échelle de l'Union. Tant que l'Allemagne se percevra comme un pourvoyeur net de subventions octroyées aux États plus pauvres de l'UE, il est peu probable que ces propositions progressent.

    Emmanuel Macron est un européiste et un fédéraliste, qui présente l'UE comme un antidote contre les menaces majeures planant sur le commerce, l'environnement, la sécurité et la diplomatie. « Il est clair qu’il y a eu un changement de leadership en Europe, a déclaré le 9 mai Timothy Garton Ash, professeur d'Études européennes à l'Université d'Oxford. La France a aujourd’hui besoin de l'aide de l'Allemagne pour définir le futur de l'UE. Et Emmanuel Macron a besoin d'une réponse à ce sujet maintenant et non pas dans un an. »


    Menaces et risques

    Douze mois après son accession à la présidence, le taux de popularité positif de 45% qu’atteint Emmanuel Macron parmi les électeurs français, selon un sondage Ipsos-Sopra Steria, paraît même solide par rapport à celui de ses trois prédécesseurs sur la même période (François Hollande, Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac). Seul François Mitterrand en 1981 avait été plus populaire après ses douze premiers mois passés au pouvoir. Même s'ils sont en désaccord avec les politiques menées, 73% des électeurs pensent que les décisions du gouvernement sont conformes à ses promesses électorales. Rien n’indique que les Français croient que quelqu'un d'autre s’acquitterait mieux de la tâche présidentielle. Au pays de l’invention de la guillotine, l'étiquette la plus dommageable que ses opposants parviennent à accoler à Emmanuel Macron est celle de « président des riches ».

    Le risque pour les réformes du président Macron réside en fait dans tout signe qui indiquerait qu’un ralentissement économique se produit. Pour l'instant, le PIB devrait atteindre 2,1% cette année, soit le double de sa moyenne sous la présidence de François Hollande, et 1,8% en 2019. De plus, le taux de chômage se situe aujourd’hui à 8,8%, soit son plus bas niveau depuis 2009. Cependant, alors que l'économie française, qui connaît une amélioration, a bénéficié d’années de mesures monétaires ultra-accommodantes au sein de la zone euro, il est prévu que les choses changent cet automne lorsque la Banque centrale européenne lèvera le pied de l'accélérateur. Il faudra alors observer les conséquences d'une politique monétaire différente sur les réformes du président Macron.

    En raison de cette lecture plutôt constructive de la situation, notre préférence pour les actions européennes reste inchangée, avec respectivement des surpondérations de 1,5%, 3,8% et 4,8% sur les portefeuilles conservateur, équilibré et de croissance. Des valorisations attrayantes des actions européennes, une économie soutenue par la demande intérieure, conjuguées à l'engagement de la Banque centrale européenne pour une politique de taux de dépôts négatifs et d'achats d'actifs continus jusqu'en septembre, signifient que les marchés devraient maintenant se redresser.

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