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    En RDC, la finance durable suisse aide les amputés à remarcher

    En RDC, la finance durable suisse aide les amputés à remarcher

    Article paru dans Le Matin Dimanche, le 15 décembre 2019

    Financés par une opération de dette privée, trois hôpitaux orthopédiques sortent de terre en République démocratique du Congo, au Mali et au Nigeria. Des clients de Lombard Odier ont investi dans ces projets que la banque parraine avec le CICR.

    Le chantier bat son plein. Au milieu du bâtiment trône une longue rampe en béton qui attend les dernières finitions: 80 mètres de pente douce, parsemée de paliers de repos, reliant en trois lacets les deux étages du nouveau centre orthopédique de Kinshasa construit par le CICR, à l’aide d'un emprunt humanitaire soutenu par des banquiers genevois.

    Souvent la finance responsable reste un concept abstrait dont le public peine à voir les réalisations. Je ne veux pas investir dans le pétrole, trop sale? Idem pour l’armement? Les placements proposés à la clientèle des banques en contiennent souvent. L’investissement et l’éthique ne semblent pas toujours couler de source.

    Pourtant, la prise de conscience du monde financier est réelle. Des partenariats humanitaires d’un type nouveau voient le jour. Des hôpitaux sortent du sol, soutenus par l’argent de clients ayant placé leur épargne dans les banques suisses. Le concept est totalement novateur. C’est la rencontre de la philanthropie et de l’investissement.

    Le CICR et Lombard Odier ont « coparrainé une transaction de dette privée » destinée à la construction et à l’exploitation de trois centres de réadaptation physique au Mali, au Nigeria et en République démocratique du Congo (RDC).

    Qu’est-ce que peut changer un prêt de 26 millions de dollars dans des pays en proie à de violents conflits? L’exercice est en cours. Le CICR et Lombard Odier ont « coparrainé une transaction de dette privée » destinée à la construction et à l’exploitation de trois centres de réadaptation physique au Mali, au Nigeria et en République démocratique du Congo (RDC). Cet accord baptisé Programme CICR d’investissement à impact humanitaire (PHII), qui porte sur cinq ans, comporte également un volet formation. Plusieurs États européens sont aussi partie prenante. Aujourd’hui, les trois centres orthopédiques sortent de terre et le personnel local se forme en orthoprothésie.
     

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    Un emprunt humanitaire

    Cette transaction de dette privée est complexe. Les investisseurs privés avancent l’argent, puis sont remboursés à l’échéance par les gouvernements occidentaux en fonction des résultats obtenus. « Nous avons instauré un contrat de performance, précise Maximilian Martin, responsable de la philanthropie chez Lombard Odier. Les bailleurs finaux que sont les gouvernements belge, italien, suisse et britannique, ainsi que la Fondation la Caixa, rétribueront les investisseurs uniquement si certains critères sont atteints. »

    Dans le détail, les investisseurs prennent un risque, mais sont aussi susceptibles d’engranger un bénéfice. « Ils peuvent perdre jusqu’à 40% de leur placement si le projet final ne remplit pas les conditions de qualité préétablies, relève-t-il. À l’inverse, ils pourraient percevoir un revenu total de 34% sur cinq ans si les nouveaux centres sont 80% plus efficaces que les centres de référence déjà existants. » En clair, les bailleurs gouvernementaux dynamisent la performance humanitaire.

    « Nous avons instauré un contrat de performance, précise Maximilian Martin, responsable de la philanthropie chez Lombard Odier. Les bailleurs finaux que sont les gouvernements belge, italien, suisse et britannique, ainsi que la Fondation la Caixa, rétribueront les investisseurs uniquement si certains critères sont atteints. »

    Retour à Kinshasa, au centre orthopédique en construction. « Les barrières de sécurité doivent encore être posées », confie Thierry Vignolles, chargé de travaux de l’organisation. Tout devrait être terminé au printemps 2020.

    Le bruit des ponceuses et meuleuses est assourdissant. Près de 80 ouvriers casqués, maçons, peintres et électriciens, triment de concert. Des ateliers de fabrication des prothèses au parcours d’exercices, le centre couvrira une surface de 2500 m2. Un générateur de secours est prévu pour pallier les coupures d’électricité, fréquentes dans la capitale de la RDC. Au rez-de- chaussée, des ouvriers aux casques rouges ou jaunes trient trois tas de graviers de tailles et de couleurs différentes, à l’emplacement où, demain, seront fabriquées les prothèses.

    À l’étage, où les câbles électriques pendent encore hors des gaines, une quinzaine de kinésithérapeutes s’activeront dans plusieurs cabines, non loin de la salle d’exercices. Dans cette dernière, une fois le chantier terminé, des barres parallèles, de faux escaliers, des répliques d’obstacles urbains et de trottoirs permettront aux handicapés de se familiariser avec une nouvelle jambe ou une chaise roulante.

    « L’objectif est d’offrir des soins de réadaptation à 2200 personnes par an d’ici à 2022 », souligne Marc Liandier, responsable du programme de réadaptation physique (PRP) du CICR. Dans ce cadre, la formation de plusieurs orthoprothésistes a démarré pour renforcer les équipes.

    « L’objectif est d’offrir des soins de réadaptation à 2200 personnes par an d’ici à 2022 », souligne Marc Liandier, responsable du programme de réadaptation physique (PRP) du CICR.

    Les investisseurs vont suivre cela avec attention. Le retour final sur leur placement va en dépendre. Afin d’évaluer objectivement les résultats obtenus en 2022, une batterie d’indicateurs a été compilée pour constituer un indice de référence. « Le nombre de patients traités, de chaises roulantes distribuées ou encore de prothèses fournies aux plus démunis figure notamment dans ce benchmark », détaille Maximilian Martin. Un volet digital avec la mise au point d’un outil informatique de gestion des ressources est également prévu. « La planification des ressources et du rapport aux fournisseurs sera améliorée, et des fiches patients électroniques seront créées.» Tout cela sera pris en compte avant le remboursement final.


    Le manque de financement est criant

    Le CICR n’a pas la vocation de faire tourner le centre ad aeternam. L’année prochaine, le bâtiment sera remis à l’Hôpital général de Kinshasa (HGPRK) qui devra en assumer la charge. Cela ne va pas aller sans accroc. Le budget ne sera pas facile à couvrir tant le financement manque en matière de santé dans le pays. « Nous sommes en pleine discussion pour voir comment le CICR va nous accompagner pour la suite », confirme Clément Mbaki, directeur du HGPRK. Malgré l’immense richesse du sous-sol congolais, Kinshasa a les poches vides.

    Les besoins en santé sont pourtant énormes en RDC. Deuxième plus grand pays d’Afrique, le pays se trouve confronté à des conflits armés à répétition depuis le milieu des années 90. Les routes sont souvent délabrées et la criminalité inquiète. Les blessés par balles sont légion dans l’est du pays et les soins manquent.

    Le nouveau centre orthopédique tombe à point nommé. « Il s’agira de la première grande infrastructure de référence en la matière », explique Martin Kembo, coordinateur du SKAO, l’actuel service de kinésithérapie et d’appareillage orthopédique du HGPRK, qui va hériter du nouveau centre. À Kinshasa, les accidents de la route et les séquelles de la poliomyélite nourrissent aussi les besoins en orthopédie. Aujourd’hui, seuls quelques congrégations religieuses et organismes privés offrent des soins gratuitement. Le CICR y propose une aide depuis 1998.

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